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Gascon


Au sommaire de cette page dédiée à la langue Gasconne :

  • Ethnolinguistique de la haute vallée du Ger : monographie totale sur un quasi-bilinguisme entre gascon du Couserans et gascon de Comminges
  • Restitution au gascon du premier sirventes de Marcoat
  • Contribution ethnolinguistique à l’enseignement du gascon langue maternelle
  • Français et gascon dans les Pyrénées centrales : article et enregistrements sonores à la frontière entre Couserans et Comminges
  • Index parémiologique de la faune populaire de Gascogne : les animaux dans les proverbes de Lespy, Arnaudin, Castet, Bernat, Bourdette, Polge, etc. avec analyse statistique
  • Folklore Gascon du serpent : article et enregistrement sonore
  • Être ethnolinguiste en Gascogne aujourd’hui : intervention de Jean-Claude Dinguirard lors du congrès international d’Ivry en 1979 (LACITO)
  • Vocabulaire gynécologique gascon
  • Observations sur le gascon des plus anciennes chartes
  • Les noms gascons de l’araignée
  • Notes aquitaines, étymologie de Convènes. Avec un compte-rendu de Patrick Sauzet en Fr. et en Gasc.
  • Bibliographie critique des proverbes des Pyrénées gasconnes
  • Aux origines du gascon : Virgile de Toulouse, VI° siècle
  • L’article eth / era du gascon pyrénéen : une innovation du XVII° siècle
  • Ethnophonologie du H gascon
  • La désinence -w de la 5° personne du gascon
  • Note sur le -ts gascon
  • Ubu roi en gascon (acte 3 scène 2)
  • Étymologie gasconne du mot « gadget »
  • Gascon et argot français : deux notules

 

Cette page contient 40 articles

Dr. Lotte LUCAS-BEYER, élève de Fritz Krüger, école hambourgeoise des mots et des choses

16 mars 2024.

Lotte Lucas-Beyer (1er septembre 1902 – 1944), est fille de libraire et d’une santé fragile. Elle apprend le français par correspondance épistolaire avec Marc Lesbordes, qui vit sous le même toit que son cousin Bernard Manciet (1923-2005). Etudiante à l’Université de Hamburg, Lotte est remarquée par Fritz Krüger qui dirige sa thèse sur le paysan des forêts des Landes de Gascogne. En droite ligne de son Directeur de thèse, Lotte vient enquêter « an Ort und Stelle » et séjourne chez les familles Lesbordes et Manciet durant l’hiver 1932-1933. Elle découvre Marquèze grâce au livre à l’ouvrage photographique posthume de Félix Arnaudin « Au temps des échasses » et s’y rend avec Bernard Manciet alors âgé de dix ans (voir photo), en passant par le quartier de Haza : elle y prend deux photos de l’airial – façade Est et vue de 3/4 – que son biographe Jean Tucoo-Chala que je remercie chaleureusement pour toutes les informations portées dan cet article, a pu obtenir du musée ethnographique de Hambourg. La façade « Est » fut reproduite sous forme de dessin dans la deuxième partie de la thèse. Lotte, qui étudie l’habitat auquel elle consacre même une partie de sa thèse, s’est informée des techniques de construction auprès du père de Bernard Manciet, maître-maçon et auteur de travaux sur l’airial de Marquèze.

Machine à écrire d’un modèle proche de celui utilisé pour produire les documents de Lotte Lucas-Beyer

Krüger publie habituellement les travaux de ses étudiants dans la revue annexe à sa revue principale – voir la liste des titres ainsi publiés par Hamburger Studien zum Volkstum und Kultur der Romanen (HS-VKR).

Mais dans le cas de la thèse de Lotte, c’est très différent : Krüger use de son influence et obtient le financement de la publication des travaux de Lotte, publication particulièrement coûteuse du fait des nombreuses photographies et illustrations qui l’enrichissent, et du fait du recours à de nombreux caractères d’imprimerie spécifiques – signes diacritiques – afin de rendre compte du travail purement linguistique de l’auteure qui a étudié les variations dialectales du gascon – Sabres, Luxey, Saucats notamment – et à qui l’on doit un dictionnaire gascon de 2 677 entrées.

Après avoir publié la première partie de la thèse de Lotte en 1937 dans HS-VKR, Krüger publie l’intégralité des autres chapitres au sein de sa revue principale Volkstum und Kultur der Romanen (VKR), en 1939 puis en 1944.

Cette étude, bien dans l’esprit de l’école des mots et des choses, est un véritable trésor de connaissance qui rend compte de l’état du gascon dans toute sa diversité à la fin des années 30. Elle démontre que Lotte parle le gascon et le français et que la méthode apprise auprès de F. Krüger est opérationnelle, sur le terrain, en situation d’enquête.

Il faut noter enfin qu’en Allemagne, la thèse doit être éditée pour que l’auteur devienne « docteur ».

Jean Tucoo-Chala a rencontré Bernard Manciet en 1975 – il avait alors 52 ans – pour évoquer ses souvenirs d’enfance concernant Lotte Lucas-Beyer. Cette interview est conservée à la sonothèque de l’écomusée sous le n° d’inventaire 1975.3.2.2.

Les travaux du Docteur Lotte Lucas-Beyer dont si peu de traces ont hélas été conservées* sont particulièrement précieux pour la connaissance ethnographique des Landes de Gascogne : je crois que ce sont les seuls travaux que Krüger publie dans leur intégralité et auxquels il consacre intégralement l’ultime volume de la revue VKR paru en 1946 avant que l’administration Britannique n’interdise cette revue et ne démette Krüger de ses fonctions.

En France, nous faisons trop peu de cas des travaux des écoles allemande des mots et des choses, dont pourtant les scientifiques ont abondamment étudié notamment nos régions occitanes. Heureusement, certains travaux ont été traduits et publiés. C’est le cas de Lotte Paret  (1901-1981) à Arrens, édition scientifique par Xavier Ravier et traduction par Eliane Mau. Ce sera bientôt le cas d’un article de Krüger sur l’habitat à Luchon, édition scientifique Pierre Escudé et traduction Eliane Mau.

C’est le cas pour Lotte Lucas-Beyer : édition scientifique par Jean Tucoo-Chala, et pour la première partie de la thèse, traduction par Marcelle Richard pour les 12 premières pages, puis Monique Gouyou et parution aux éditions du Cairn. Les premières pages de la seconde partie, dédiées à l’habitat, sont parues au Bulletin de la Société de Borda, année 2023, 148° année, 4° trimestre, n°552, pages 403 à 428.

Marcelle Richard, née Février (1899-1971) professeur de sciences au collège de jeunes filles de Dax de 1924 à 1944, titulaire depuis 1927 d’une diplôme d’études supérieure de  géographie. Son époux Antoine Richard (1890-1947), professeur d’histoire l’ENI de Dax, était en contact avec Lotte Beyer-Lucas, peut être par le biais du syndicat national des instituteurs.

Traductions françaises :

Textes originaux en allemand :

FD d’après une interview de Jean Tucoo-Chala

NDE : On reproche à Krüger ses partis-pris : patriote convaincu, ayant déclaré que les populations du nord de l’Europe sont plus développées que celles du sud, auteur d’un article où il souligne que l’invasion allemande du Nord de la France est cohérente avec ses constats ethnographiques sur la cohérence de l’habitat notamment dans le nord de l’Europe. On lui reproche d’avoir pris la carte du NSDAP dès 1933, et de n’avoir rien fait pour défendre son collègue démis de ses fonctions à l’Université par les cadres du parti.

Je ne prendrai sa défense sur aucune de ces points, qui sans atteindre l’horreur que l’on sait, relèvent de la brutalité du quotidien et des rapports entre universitaire.

Toutefois, ces quelques méfaits n’enlèvent rien à l’extraordinaire ambition de Krüger de décrire et expliquer les faits de langue à l’échelle de la Romania et à l’ampleur de son œuvre : celle qu’il a publiée et celle qu’il a dirigée chez d’autres et qui toutes s’assemblent en un vaste puzzle que seul un bourreau de travail et amoureux des gens et des cultures pouvait entreprendre.

Je rappelle enfin, que Krüger a consacré sa vie aux pays du Sud de l’Europe, qu’il a sillonné avec son épouse, à pied et à cheval, convaincu qu’il était d’être l’un des derniers témoins d’états de langue préservés de la modernité. De quoi nuancer sérieusement le reproche à mon sens très discutable qu’on lui fait d’avoir jugé le nord de l’Europe plus développé que le sud. Quel scientifique n’est qu’objectif dans son travail ?

*Nos efforts pour trouver une photo de Lotte Lucas-Beyer sont restés vains hélas.

 


Essai de bibliographie des monographies consacrées au français régional du midi, et plus spécialement à celui de la Gascogne, surtout pyrénéenne

Dinguirard, J.-C. 1981. « Essai de bibliographie des monographies consacrées au français régional du Midi », Via Domitia, n° 26, pp. 85-96.

La documentation sur le français régional d’Occitanie n’est apparemment pas difficile à rassembler : des relations de voyages aux Statistiques, les ouvrages les plus divers recèlent quelques notations éparses et la production des auteurs méridionaux, volontairement ou non, est généralement riche en méridionalismes. Pourtant, on ne trouve guère de monographie précoce qui
soit consacrée à cet intéressant aspect du langage. Aussi les états anciens du français parlé dans les Pyrénées, par exemple, ne peuvent-ils guère faire l’objet que de reconstitutions conjecturales, à partir d’un “français méridional commun » d’une part : d’où notre parti-pris, ci-dessous, pour les périodes antérieures à notre siècle, d’un inventaire qui déborde très largement l’espace pyrénéen, et même gascon. Mais d’autre part, afin de pondérer le point précédent, il conviendra d’accorder une attention privilégiée au français des grandes agglomérations les plus proches des Pyrénées : Pau, il va de soi, mais encore Bordeaux, Toulouse, Carcassonne, Perpignan …, tant il est vrai que les villes ont leur zone d’influence et de rayonnement, qui est langagière aussi. Immense est le prestige qui s’attache au français parlé dans les grandes villes du Midi. Souvent, il est mal fondé. Le Gascon qui nomme habituellement clouque une mère poule, substituera glousse à ce mot lorsqu’il voudra parler “bon français » : c’est que glousse est (ou fut) usuel à Toulouse, et peu importe dès lors que ce terme, rigoureusement inconnu du français académique, soit lui-même un pur méridionalisme !… On ne soulignera donc jamais assez le rôle des grandes villes du Midi : dans la diffusion du français (selon toute vraisemblance), et surtout parce que le français qu’on y entend constitua paradoxalement l’unique norme des Méridionaux. Et pourtant ! tout le français du Midi n’est pas celui de ses grandes cités. Les endémismes restent nombreux, quoique mal répertoriés : chacun, dans le haut Comminges (au moins), sait ce qu’est un roule, une avant-planche : mais ces termes ne sont pas enregistrés par Desgrouais, ni par Avignon, ni même par Séguy.
Les billes de bois écorcées (grumes ?) et les dosses seraient-elles hors des préoccupations quotidiennes des Toulousains ?
On ne paraît guère s’être soucié des méridionalismes antérieurement au XVIIe s., et à y bien songer on ne pouvait guère s’apercevoir de leur existence auparavant. Pour qu’émerge à la conscience le concept de ‘ français méridional ‘, il faut en effet une double condition :
– que le français soit parlé (et pas seulement écrit) par le Tiers-Etat (et pas seulement par une élite intellectuelle et/ou économique) dans les terres occitanes;
– qu’existe une norme française suffisamment fixée pour qu’on puisse constater des écarts.
Ce truisme permet d’établir avec une relative précision le terminus a quo du phénomène qui nous intéresse. En effet, quelles qu’aient été les époques d’introduction du français en Occitanie (et elles varient fort selon les lieux), il paraît vain de chercher mention du méridionalisme avant les premières tentatives sérieuses d’épuration du français : on sait qu’elles remontent à l’arrivée à la Cour de Malherbe – antécédent un peu lointain, et qu’en fait elles se développent surtout à partir du second quart du XVIIes.
Sans doute nous fera-t-on observer que l’exportation du français en Occitanie n’est que l’une des causes d’apparition du méridionalisme (quoique la plus importante, selon toute vraisemblance); et qu’il convient de ne pas négliger une autre origine : l’émigration en France francophone d’un nombre suffisant d’occitanophones gardant leur substrat linguistique. Mais notre frontière temporelle ne subit que peu d’ajustements de ce fait : miraculeusement, l’invasion de la France (n’exagérons pas : de Paris, peut-être même de la seule Cour) par les « Gascons » ne remonte guère, au mieux, qu’aux dernières années du XVIe s. On peut d’ailleurs se demander si, par le traumatisme linguistique qu’elle infligea aux étiembles du temps, cette invasion n’est pas justement l’une des causes du considérable travail d’épuration du français, qui mobilisera tant d’énergies durant tout le XVIIe s,
Or ces énergies, il faut bien le voir, se concentrent sur un but prioritaire : débusquer le provincialisme du français de Paris, voire de la seule Cour : le XVIIe s. versaillais ne fait son ménage que devant sa porte. Les différentes éditions du Dictionnaire de l’Académie (1694, 1718, 1740 et 1762), les grammaires para-académiques (Remarques de Vaugelas, grammaires de Régnier-Desmarais et de Restaut…) vont peu à peu fixer les certitudes admirables dont sera imprégné le XVIII® s. langagier : dans une seconde étape, d’ailleurs tardive, c’est elle qui permettront d’envisager l’épuration du français, tel qu’il s’est corrompu dans le Midi.
Grâces soient donc rendues aux cacographes, dont les recueils de gasconismes et d’expressions vicieuses (on les appelait des préservatifs), à défaut de travaux proprement linguistiques, nous permettent aujourd’hui de ne pas tout ignorer du français, tel qu’il se pratiquait chez les Occitans des deux derniers siècles de l’Ancien Régime : c’est en priorité sur leurs données que se constitue l’inventaire des méridionalismes anciens du français.

1. (v. 1600 – v. 1900) INVENTAIRE DES MERIDIONALISMES ANCIENS DU FRANCAIS du L.A. 247 (56 rue du Taur, à Toulouse), qui engrange toutefois également les remarques éparses qu’on peut glaner à ce sujet, au hasard de lectures qui sont loin d’être exclusivement grammaticales. Si par « ancien » on y a commodément décidé d’y entendre ‘antérieur au XXe s.’, la définition du « méridionalisme » a posé bien des problèmes. A l’expérience, on a décidé en définitive d’entendre par là tout ce qui, à tort ou à raison, serait explicitement signalé comme tel par les témoins anciens. A côté d’une masse de méridionalismes authentiques, le répertoire offre donc des omissions (les gasconismes de Fæneste n’y sauraient être enregistrés) en même temps que des entrées illégitimes (on y trouvera assassin pour ‘assassinat’, qui est signalé jusque dans le Maine, et l’acception néologique de conséquent, qui sans doute ne doit pourtant rien aux provinces du Midi). C’est que cet Inventaire n’a d’autre but que d’offrir au chercheur des matériaux, évidemment susceptibles de critique. L’important, pour son compilateur, est moins, en définitive, de parvenir à cerner la très problématique vérité linguistique du méridionalisme que d’arriver à saisir celui-ci dans sa réalité sociale. Il est donc notable qu’on ait pu juger que conséquent = ‘important’ constituait un gasconisme, même si l’étiquette est fausse.

2. (av. 1650) VAUGELAS, Recueil de Provincialismes (ms. perdu). “Je ne l’aurois pas remarqué icy », dit Vaugelas d’un provincialisme à la p. 276 de ses Nouvelles Remarques, « où je ne mets que les fautes que les vrais François (sic) ne laissent pas de faire, réservant une liste à part de celles qui se commettent en chaque Province de France ». Mais Alemand, l’éditeur de cet ouvrage posthume, se montre bizarrement flottant à ce propos : après avoir qualifié de curieux et d’utile le recueil, et en avoir laissé espérer la publication (p. 277), il écrira : « nous n’avons cependant point vû ce Traitté. J’apprens seulement qu’il est entre les mains d’une personne qui pourroit bien prendre envie de le publier après qu’il aura vû les Remarques posthumes du même M. de Vaugelas » (p. 440). On a quelque peine à croire qu’un manuscrit signé du nom prestigieux de Vaugelas ait pu rester inédit, à plus forte raison se perdre depuis le début du XVIIIe s. : souhaitons donc qu’il ne soit que provisoirement égaré.

3. (1672) ANONYME, De l’accent de la langue françoise et la manière de le purifier dans nôtre province. Clermont, 1672. [NDE : lien vers le texte retranscrit sur Wikisource]
Cet unicum de la Bibliothèque de Clermont-Ferrand, consacré à peu près exclusivement à la prononciation, a été étudié par GOUGENHEIM, G., “Un traité de 1672 sur la manière de purifier l’accent de la province d’Auvergne », pp. 33-44 de la Revue d’Auvergne, 1933.

4. (1756) LACROIX] D[E] S[AUVAGES], P.A. BOISSIER DE, Dictionnaire languedocien-françois contenant un recueil des principales fautes que comettent, dans la diction et la prononciation françoises, les habitans des Provinces méridionales, connues sous la dénomination générale de la Langue-d’Oc. Nîmes, 1756. (La meilleure et la plus complète édition serait cependant celle, en deux volumes, de Nîmes, 1785, ou selon d’autres telle éd. du XIXe s.). Le but de l’auteur est « d’aider à parler correctement le françois ceux de nos compatriotes qui n’ont pas fait une étude particulière de cette langue” : l’ouvrage constitue donc, sinon tout à fait la première en date des cacologies méridionales, du moins la première dont on soit sûr qu’elle ait été lue du public, c’est-à-dire la première qui répondait à un réel besoin des populations méridionales. L’abbé de Sauvages était d’ailleurs très conscient de cette primauté chronologique, qui écrivait à propos de Desgrouais : “le Livre intitulé Les Gasconismes corrigés, dont l’Auteur a relevé à Toulouse la plupart des fautes que nous avions marquées dix ans auparavant, dans la première édition du présent ouvrage »… -constat d’identité qui le conduit d’ailleurs à poser l’existence d’un “français commun d’Occitanie » remarquablement peu dialectisé,
malgré les substrats divers. Du point de vue du français régional toutefois, on notera que la consultation du LDS est remarquablement mal commode : les faits se trouvent, très disséminés et souvent non explicités quant à leur qualité de méridionalismes, sous des vedettes occitanes. Ainsi – pour nous borner aux toutes premières pages -, c’est s.v. ABELA qu’on glanera « nétoyer. Pr. nétéier », et s.v. ACAMPA qu’est expliquée la différence entre ‘ramasser’ et ‘cueillir’, si méconnue
des Méridionaux…

5. (1766) DESGROUAIS, Les gasconismes corrigés, ouvrage utile à toutes les personnes qui veulent parler et écrire correctement, et principalement aux jeunes gens, dont l’éducation n’est point encore formée. Toulouse, 1766 (on signale en outre des éditions en 1768, 1792, 1801, 1812, 1819; la dernière éd. doit être celle de 1858, cf. ci-dessous, n° 18). Plus que celui de l’abbé de Sauvages, le nom de Desgrouais est attaché à la chasse aux gasconismes, et sans doute à juste titre, son ouvrage étant tout de même de consultation plus facile. Desgrouais, en fait sinon en droit, est bien le père de tous les cacographes méridionalisants du XIXe s.; soit
qu’ils s’inspirent de lui, soit qu’ils entendent se poser en s’opposant aux erreurs de son ouvrage, ils ne résisteront généralement pas au plaisir de le piller.
Une étude mériterait d’être consacrée à la comparaison des diverses éditions de Desgrouais. Il semble bien que l’éd. (posthume) de 1768 soit déjà augmentée par rapport à l’originale; quant à l’éd. de 1801, elle offre bien des suppressions, et aussi nombre d’additions, tant dans le texte qu’au Supplément que le réviseur y a ajouté : ces réfections ont leur intérêt, qui permettraient de mesurer, à une génération de distance, le mouvement du français parlé à Toulouse; tous les changements ne paraissent en effet pas dus aux bouleversements introduits par la Révolution.

6. (1768) L***(AMONTAGNE), E., Traité de la prononciation de la langue françoise ou essai d’observation sur les vices de modulation reprochés aux provinces gasconnes. Bordeaux, 1768. Je cite ce titre d’après F. Brunot.[NDE : ouvrage absent du catalogue BnF numérisé par ethnolinguiste.org dans les années 2020]

7. (1788) ANONYME, Supplément aux Gasconismes corrigés de feu M. Desgrouais (…) destiné principalement pour les maisons d’éducation d’Oléron et de Sainte-Marie.
Je cite ce titre d’après Brunot, qui le cite d’après La Case. [NDE : Louis Lacaze, Président indique détenir un exemplaire de cet ouvrage aujourd’hui introuvable et précise qu’il a été imprimé à Pau, de l’imprimerie JP Vignancour, imprimeur du roi et du parlement, et se vend chez Ducos, libraire, près le Pont, MDCCLXXXVIII, in, Bulletin de la Société des sciences, lettres et arts de Pau, 1883 (Série 2, T. 13) – 1884, p. 139]

8. (1802) VILLA, E., Nouveaux gasconismes corrigés ou tableau des principales expressions et constructions vicieuses usitées dans la partie méridionale de la France. Montpellier, 1802, 2 vol. [NDE : lien direct vers la page correspondant au volume 2] Dans l’Avertissement, Villa se place patriotiquement sous l’égide du Citoyen Domergue et de sa Grammaire françoise simplifiée (1782) et reproche à Desgrouais son ignorance des idiomes du Midi de la France, ainsi que son manque de méthode – nous dirions d’ordre, et simplement alphabétique. Le corpus a été, pour une part, compilé dans Lacroix de Sauvages (ci-dessus, n° 4), pour autre part recueilli auprès des jeunes élèves de l’auteur, qui a évidemment en vue l’amélioration de leur français.
Une innovation intéressante : l’astérisque marque les termes (de botanique entre autres) « dont il faut se servir, si l’on veut se faire entendre; ce seroit une affectation ridicule, lorsqu’on parle au peuple, de n’employer que des expressions françoises, et de rechercher toujours la pureté de la langue ». Astérisqués, donc, GAFAROT ‘glouteron, bardane’, COUTELE ‘iris; glaïeul’, GABIAN ‘petite mouette’, JAZENE ‘chevron’, PEGAT ‘pot de vin, mesure de Toulouse, pesant huit livres’ etc.

9. (1810) ROLLAND, J.-M., Dictionnaire des expressions vicieuses (Hautes et Basses-Alpes). Gap, 1810. Seconde éd. augmentée, sous le titre élargi de Dictionnaire des expressions vicieuses et des fautes de prononciation les plus communes dans les Départemens méridionaux. Gap., s.d. [1823].
Le changement de titre s’explique « par le débit de la première édition; quoique le titre du Dictionnaire semblât n’en indiquer les avantages que pour les seuls départemens des Hautes et des Basses-Alpes, la vérité est pourtant qu’il s’en est vendu un grand nombre d’exemplaires pour la Provence et le Languedoc (…) Ce n’est pas cependant que nous ayons voulu laisser croire par là, que ce Dictionnaire ne soit pas également utile à la jeunesse des autres départemens de France. En le parcourant, on verra que l’auteur s’est attaché à relever une infinité de fautes d’habitude qui déparent partout la langue française”. L’ouvrage a été étudié, peut-être un peu rapidement, par F. Brunot au t. X, 2 de l’Histoire de la langue française (p. 694 ssq.) : on l’y envisage notamment comme s’il était original, ce qui est probablement excessif.

10. (1818) L[ASCOUX], J.-B., Les périgordinismes corrigés. Périgueux, 1818.
B. Quemada, Les dictionnaires du français moderne, signale sous le même titre, à la même date, au même lieu d’édition et sous les mêmes initiales du prénom, un ouvrage qu’il attribue à un certain CAVILLE : s’agit-il réellement de deux livres différents ?

11. (1821) SAJUS, B., Essai sur les vices du langage (…) destiné principalement à la jeunesse des Basses-Pyrénées et des départemens circonvoisins. Pau, 1821. L’ouvrage paraît absent des bibliothèques toulousaines, je n’ai pu le consulter.

12. (1823) L[ASCOUX], J.-B., Gasconismes corrigés, particuliers au département de la Gironde et aux départemens circonvoisins. Bordeaux, 1823. Ce recueil, intéressant par sa date, son lieu de récolte et la profession enseignante de son auteur, souffre des défauts habituels aux cacologies méridionales : Lascoux a beaucoup recopié Desgrouais et ses réviseurs; et puis sous prétexte de purisme, il se fie au seul révélateur du Dictionnaire de l’Académie, qui pis est dans la vieille édition de 1762 ! Lascoux enregistrera
donc comme méridionalismes, pêle-mêle, et du français archaïque (vilité, qui se trouve dans le premier Francion et que Sorel ne se décidera À corriger en vileté qu’à partir de 1633); et du français non-versaillais (sarge pour serge); et du français commun, quoique non académique (s’en rappeler), même s’il a indubitablement évincé la norme ancienne (Lascoux va ainsi jusqu’à préconiser carrelure au lieu de ressemelage). Ajoutons que Lascoux exige de la langue qu’elle soit logique (« il n’y a pas plus de dent de l’œil que de dent du menton ») et l’on comprendra que, pour être abondant, son recueil n’est pas forcément riche.
Son intérêt est d’ajouter à Desgrouais, grâce à des endémismes girondins qui paraissent saisis sur le vif. Ainsi, à l’initiale J : JUNTEE ‘jointée’; JOUER QUE ‘parier que’; JOUER AU SAUTELY ‘jouer à coupe-tête’; JOUTTE ‘bette ou poirée’; SE JOMPLER ‘se balancer’; JOUIR ‘maîtriser’ etc.

13. (1825) SAUGER-PRENEUF, F., Dictionnaire des locutions vicieuses usitées dans le Midi de la France et particulièrement dans la ci-devant province du Limousin. Limoges, 1825.

14.(1829) REYNIER, J.-B., Corrections raisonnées des fautes de langage et de prononciation qui se commettent même au sein de la bonne société, dans la Provence et dans quelques autres provinces du Midi. Marseille, 1829. Une édition ultérieure (Marseille, 1878) modifie ce titre en Les Provençalismes corrigés ou correction raisonnée des fautes de langage et de prononciation que l’on fait généralement dans la Provence et dans quelques autres provinces du Midi.

15. (1835) POMIER, M., Manuel des locutions vicieuses les plus fréquentes dans le département de la Haute-Loire et la majeure partie du Midi de la France. Le Puy, 1835.

16. (1836) G[ABRIELLI], C[harles-Fort-Casimir]. DE, Manuel du Provençal ou les provençalismes corrigés. Aix-Marseille, 1836.

17. (1843) DUPLEICH, Dictionnaire patois-français (…) à l’usage de l’arrondissement de Saint-Gaudens et des cantons adjacents. Saint-Gaudens, 1843. A l’exemple de l’abbé de Sauvages, Dupleich n’enregistre le patois qu’afin d’améliorer le français de ses lecteurs. L’attitude paraît d’ailleurs commune chez les lexicographes occitans, de l’abbé Féraud à Honnorat (C. Anatoleme signale que dans son Projet de 1840, ce dernier se soucie d’une rubrique spécialement consacrée aux provençalismes et gasconismes corrigés). On voudra donc bien considérer que l’ouvrage de Dupleich représente en fait ici la catégorie des Dictionnaires patois ; en ce qui concerne le français régional, il n’est ni le plus riche ni le mieux fait d’entre eux; mais si nous l’avons choisi, c’est parce que son lieu de récolte en rend possible l’utilisation au titre des monographies pyrénéennes.

18. (1858) S.-M. et J.D., Le guide des Gascons ou dictionnaire patois-français comprenant un recueil des gasconismes corrigés. Paris-Tarbes, 1858.
Des 180 pages de cet in-4°, les Gasconismes corrigés n’occupent que les p. 7 à 44; après sondage aux initiales A, B et C, on constate que tout y est emprunté à Desgrouais : faudrait-il en conclure que la Gascogne est décalée d’un siècle par rapport à Toulouse, pour ce qui regarde la propagation du français ?… L’intérêt de l’ouvrage en tout cas vient de la clientèle à laquelle il s’adresse : 11 s’agit d’une brochure de colportage, destinée aux classes populaires, et non plus d’un ouvrage qui s’adresse aux élites.

19. (1875) AVIGNON, P. [NDE : attribué depuis à Taillade, Frix], Les locutions vicieuses corrigées. Toulouse, 1875. Dû à un abondant polygraphe (un enseignant ecclésiastique), cet ouvrage enregistre, parmi des faits de français commun et d’argot scolaire, des exemples intéressants de méridionalismes toulousains : AVOIR L’AMENDE ‘n’avoir pas le sou‘; BARLOQUE ‘baroque’; BROC ‘brindille’; BARAQUET ‘capot’; UNE CENTIME ‘5 francs’; CUISTRE ‘avare’ etc.

20. (1895) PEPIN, L., Gasconismes et choses de Gascogne. Paris-Cahors, 1895.
L’auteur précise qu’il n’a entendu parler de Desgrouais qu’après confection de son recueil. Celui-ci concerne l’Agenais, et ses préoccupations, fait notable, sont moins étroitement grammairiennes que proprement ethno-linguistiques. La moisson est pleine d’intérêt; citons par exemple, sous l’initiale D : DAME PASSEE SUR LA GRAPPE ‘se dit d’une prétendue dame’; DANS LES ‘approximativement’; DEBARRAS ‘objets gênants ou devenus inutiles’; DEMOISELLE ‘ grains de maïs rôtis au four’; LE DIABLE MARIE SES FILLES ‘se dit quand il pleut et qu’il fait soleil en même temps’; DONZEL ‘garçon d’honneur’; DROLE ‘gamin’; DROLAS ‘jeune homme dont on fait peu de cas’; DURCIFIER ‘durcir’, etc.

Rappelons que la liste de ces monographies est probablement très incomplète – de plus en plus incomplète, sans doute, au fur et à mesure que l’on s’éloigne des Pyrénées gasconnes – ; nous exprimons donc par avance notre gratitude aux lecteurs qui voudraient bien nous signaler nos omissions. Nous avons arrêté l’inventaire à la fin du siècle dernier : c’est qu’avec le XXe s. l’étude des français régionaux devient objet d’étude scientifique et non plus seulement prétexte à étalage de purisme. La méthodologie
a fait l’objet d’importantes études, parmi lesquelles il est impossible de ne pas citer celle, si riche, de

21. (1957) BALDINGER, K., « Contribution à une histoire des provincialismes de la langue française », pp. 62-92 de la Revue de Linguistique Romane 81-82 (1957).

Quant aux monographies proprement dites, je me bornerai, à côté des grands classiques du genre, à énumérer celles dont le lieu de récolte se situe au plus près des Pyrénées :

22. (1927) LAMBERT, E., « Sur quelques particularités du parler bayonnais », pp. 275-306 du Bull. Soc. Sciences, Lettres et Arts de Bayonne (1927).

23. (1931) BRUN, A., Le français de Marseille. Marseille, 1931, Thèse comp.

24. (1949) MICHEL, L., « Le français de Carcassonne », pp. 196-208 d’Annales de l’Institut d’Etudes Occitanes I, 2 (1949) et 80-93 d’id., II, 1 (1949).

25. (1950) SEGUY, J., Le français parlé à Toulouse. Toulouse, 1950 (autres tirages : 1951, 1978, ce dernier avec une Préface de X. Ravier). Thèse comp.

26. (1968) FOSSAT, J.-L., « Particularités du français parlé en Moyenne Chalosse », pp. 15-40 de Via Domitia 14 (1968).

27. (1969) CAPDEVIELLE, M., Le français parlé au Pays Basque. Toulouse, mémoire pour le D.E.S., 1969.

28. (1972) FOSSAT, J.-L., “Etude du français parlé : test de la traduction”, pp. 79-113 de Grammatica 1 (1972). Concerne le français des Landes; aborde les questions de méthode.


Érosions, éclosions : le 21 décembre 2023, les jours de l’ethnolinguistique occitane aussi commencent à rallonger

09/01/2024. Alice TRAISNEL, ethnolinguiste et photographe, soutenait le 21 décembre 2023 une thèse en études occitanes, proposée au label Recherche et Création, visant à établir un état des lieux de la langue occitane en Couserans, et en Camargue. Le texte est une conversation interdisciplinaire enluminée de cartes subjectives qui dialoguent avec ses séries photographiques et les éco-ethnotextes recueillis sur le terrain – « an Ort und Stelle ». Une partie de ce travail peut être consulté en ligne : https://explorartiste.fr/portfoliosets/carnet-these/

À la fois en et hors les rails de l’académie, cette thèse bouscule les cadres, transcende le genre et confine à l’art, avec style : le résultat emmène le lecteur dans l’exploration d’une « géopoétique du vivant » qui donne à aimer, à goûter, à communier avec les hommes et les femmes d’Oc, leur environnement, leurs pratiques et leurs outils, leur langue.

Arnaudin associait ethnotextes et photographies. Jean Séguy et les « réalistes naïfs » de l’école toulousaine dont il a dirigé et inspiré les travaux, ont tous pratiqué l’ethnolinguistique en vivant parmi voire en travaillant avec les locuteurs de leur terrain. Tous ont mobilisé plusieurs disciplines pour décrire, comprendre, faire science. Alice Traisnel innove radicalement par son sens de la synthèse artistico-sémantique. Ses « cartes subjectives » créent le lien avec le lecteur ; et ses dessins d’art avec les frises chronologiques, reliefs et paysages, et les éco-ethnotextes. Une filiation assumée et augmentée d’apports personnels, inattendus et bienvenus tant est faible aujourd’hui l’audience de l’ethnolinguistique, cet enfant mal aimé de la linguistique, surtout en domaine occitan.

« Patience patience patience dans l’azur chaque atome de silence est la chance d’un fruit mûr » : le temps long de l’inculturation, sincère et fraternelle, est celui de ce mûrissement dont parle Paul Valéry, dont l’Université qui octroie cette thèse porte le nom.

Alice Traisnel met aussi en évidence des processus déterminants pour la langue contemporaine des éleveurs et pour les situations de communication.

D’abord, un processus de transmission actuelle de la langue occitane par le travail, et donc ni par répétition de paroles de messe, ni sur les bancs des Calandretas, ni sur les genoux maternels.  Il existe encore, malgré les bouleversements linguistiques et la difficile situation diglossique avec le français, un occitan conservé par le travail : ni dieu, ni maître, ni mère.

Alice Traisnel montre comment la langue occitane, entité intangible et pourtant bien ancrée, évolue aussi sous l’influence des choix de société locaux (introduction de l’ours) et des contraintes environnementales plus globales (changement climatique, hausse du niveau de la mer).

Ainsi, l’introduction de l’ours en Ariège créée le besoin de bergers, souvent recrutés “hors-sol” et “hors culture” pour protéger les troupeaux que l’on ne peut plus laisser aller en liberté sans une surveillance rigoureuse. Le travail et ses nécessités, spécialisent et conservent une langue d’oc hybridée par les brassages de populations et les progrès techniques. L’occitan des estives ariégeoises se transmet aujourd’hui de faire en fils ou disciple. « On ne conserve bien que ce qu’on utilise[1] », mais très rares sont les bergers qui parlent ou comprennent la langue maternelle des éleveurs.

La Camargue permet de parler d’un autre processus plus préoccupant, car plus global. L’augmentation des concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère entraîne la hausse inexorable du niveau de la mer qui, en pénétrant les sols côtiers, les salinise et les rend impropres à l’agriculture – celle de l’asperge, par exemple. Les agriculteurs s’adaptent et deviennent, en plus de leur activité principale, éleveurs et animateurs d’écotouristes.

En conclusion de ses enquêtes sur ces deux terrains, Alice Traisnel nous apprend qu’en Couserans, il y a une fracture assez nette dans la transmission de la langue de vie et de travail induite par des mutations importantes du métier et des pratiques. Comme les terres et les savoir-faire, l’usage de la langue occitane en Couserans ne dépasse que très rarement le cadre intime où elle se conserve pourtant très bien.

En Camargue, la passion du taureau, devenue une culture en soi, assure, au contraire du Couserans, une forme de continuité même si la langue se pare davantage de francitan. L’ouverture à l’écotourisme et à des publics étrangers aurait peut-être pu mettre à mal cette transmission, mais l’usage de la langue y est restée naturelle, perpétue et enrichit en permanence l’Idéio baroncellienne d’une Camargue mythique.

Alice Traisnel rend hommage à Arnaudin, aux chercheurs passionnés, et nous montre qu’il est toujours possible d’être ethnolinguiste, en Occitanie, aujourd’hui. Nous espérons la publication prochaine de cette thèse et de nombreux autres travaux par la suite.

F.D. et A.T.

[1] Citation du professeur Juste Boussienguet, zoologue gabonais engagé dans les politiques de conservation des forêts.


Les mots et les choses de Louis SAUDINOS (1873-1962)

Louis Saudinos (1873-1962) – « Connaître, comprendre, construire ».

Créateur, promoteur et donateur de la section des Arts et traditions populaires du Musée du Pays de Luchon, Mestre d’Obro du Félibrige (Escolo deras PIreneos), fût lauréat du prix du Barron de Lassus pour ses études sur les mœurs et les coutumes traditionnelles et populaires dans les hautes vallées d’Oueil et du Larboust (RC, 1947, T60 – 1950, T63, p. 122). Membre de l’Académie Julien Sacaze à compter de 1939, il en est élu Vice-Président pour les années 1955 et 1956 puis, le 30 août 1956, Président pour les années 1957 et 1958. Par leg testamentaire, Louis Saudinos fait don de nombreuses pièces au Musée du Pays de Luchon et exprime le souhait que Jean Castex soit nommé Conservateur de la Section qu’il avait créée. En 1958, il fait partie de la Commission qui veille au bon emploi des fonds collectés en vue de la sauvegarde de l’Eglise romane de Benqué-Dessus.

« Saudinos, que s’ei tournat hol » [1], disait-on de lui, parce qu’il vidait les greniers pour augmenter la collection du musée de Luchon : une qualification populaire spontanée qui n’est pas sans rappeler celle que reçut en son temps, Félix Arnaudin qu’on traitait de Pèc dans ses Landes, à l’autre extrémité de la même Gascogne, tandis qu’il rémunérait en monnaie le temps qu’il prenait à ses informateurs et informatrices, sur les heures de labeur domestique ou agropastoral. Tandis que Théobald Lalanne déroulait son questionnaire linguistique dans les Landes de Gascogne, de village en village – de point d’enquête en point d’enquête – au volant de sa Simca, distribuant cigares et alcool fort pour délier les langues, Louis Saudinos parcourait en autobus le Pays de Luchon, offrant sucreries, cigarettes ou verres de blanc contre les vieux objets devenus inutiles ou hors d’usage – hors d’âge – qu’il collectionnait. Enfin, la Revue de Comminges a publié [2] une préface de Jean Séguy qui souligne les qualités de la collecte d’éléments linguistiques de Louis Saudinos et souligne leur nécessité pour l’ethnolinguistique.

Enfin, la Revue de Comminges a publié [2] une préface de Jean Séguy qui souligne les remarquables qualités de la collecte d’éléments linguistiques de Louis Saudinos et souligne leur nécessité pour l’ethnolinguistique.

Bibliographie :

[1] : Castex, Jean. 1973. « Un centenaire : Louis Saudinos (1873 – 1962) créateur des collections d’Art populaire du musée de Luchon », Revue de Comminges, volume 86, pp 156-159

[2] : Séguy, Jean. 1956. « Préface à une étude linguistique de M. L. Saudinos », Revue de Comminges, volume 69, pp. 23-24 

[3] : Castex, Jean. SD. « Comprendre, construire, connaître : le dernier compagnon des arts pyrénéens – un portrait et une bibliographie de Louis Saudinos ».

[4] : Musée de Luchon. SD. Les salles Saudinos du musée de Luchon. 75 pages.

Bibliographie de Louis Saudinos

Cette bibliographie est la récollection de deux articles de Jean Castex (op.cit.) et de notre inventaire des documents trouvés au Musée de Luchon le 19 août 2022.

Nota :

Recension

Krüger, Fritz. 1942. « L. Saudinos, L’industrie familiale du lin et du chanvre, S.A. aux Annales de la Fédération Pyrénéenne d’Economie Montagnarde, T. IX (1940-1941), 100-116, Toulouse, Privat, 1942. », Volkstum und kultur der Romanen, Jahrgang XV, Heft. 1-2,‎ p. 339.

« La production domestique de chanvre et de lin est également en plein déclin dans les vallées pyrénéennes. Nous saluons d’autant plus toute contribution individuelle susceptible de nous faire connaître les anciennes formes de cette activité économique. L’exposé de L. Saudinos se base sur les observations que l’auteur a faites dans le Luchonnais. Comme dans l’ouvrage du Comte Begouen (voir ci-dessus), nous trouvons – et c’est compréhensible – de nombreux parallèles avec la présentation de G. Fahrholz. Cette présentation détaillée et agrémentée d’illustrations instructives, qui tient d’ailleurs compte de la terminologie dialectale, contrairement à l’étude du comte Begouen, est une contribution précieuse aux études comparatives ultérieures dans ce domaine. »

Krüger, Fritz. 1963. « Haus und Hausrat der alten Luchonnais. Nach dem wissenschaftlichen Nachlass von W. Schroeder », Innsbrucker Beiträge zur Kulturwissenschaft 9/10 (1963) 255-278.

19 références à Louis Saudinos.

Parmi les éléments collectés par Louis Saudinos, le Musée du Pays de Luchon conserve plusieurs textes, tels que ceux-ci :

 


Cartulaires aquitains

Cet article a pour auteur M. Claude Ribeyrol que je remercie vivement pour son autorisation, ainsi qu’aux auteurs et contributeurs du site guyenne.fr

« A noter, le testament d’Itier de Magnac, petit seigneur féodal du Nontronnais, qui ne fut guère une personnage très recommandable, mais dont l’écriture autographe (?) en occitan apparait au bas d’un document en latin. La transcription, par M. Claude Ribeyrol pour les lignes en latin numérotées, et par M. Jean Roux de Ribérac, pour les lignes en occitan à la fin du document, avec ses notes / juin 2010 : « 

Item yu [4] Itiers de Manhac chavalier avandihc [5] reconoc [6] e coffesse [7] en vertat las chausas desuis [8] escrichas me aver ordenat [9] per mon testament, noncupació [10] , e de ma darriera voluntat, et vulh [11] que tenhen e valhen si cum desuis es contengut e mes en forma [publica] [12] per la ma de Meytre [13] Symó Teychere [14] notari avandihc ; e per aver maior fe hay fahc [15] aquesta soscripció [16] de ma ma et mes en aquest present estrument mon sel [17] e soplegat [18] au Reveren Paire en IHS X [19] Nòstre Senhor, a Monsenhor l’Arcivesque de Narbona que el y dingne [20] a far metre lo seu sel a maior fermetat. [4] – note la prononc. locale (encore actuelle !) [jy] du pr sujet enclitique °io ( de même l’article masc sing [ly] p. °lo) [5] –  hc note °ch issu de ct latin p. °avant dich ; de même plus loin fahc p. fach participe passé du v. far [6] – note l’amuissement local de s dev. cons. p. °reconosc ind prés 1ps du v. °reconoisser : reconnaître [7] – cette désinence -e de la 1e pers sing (signalée par Anglade comme moins fréquente que l’absence de flexion ou que  –i dans les anciens textes) est celle du parler local actuel [8] – note ss doute une réal. loc. [yj] de –us final p. °desús [desyj] (qu’on trouve aussi actuellement p. °plus [plyj]…) [9] – proposition infinitive : latinisme de syntaxe : confesse… me aver ordenat : je reconnais que j’ai ordonné… ! [10] – calqué sur le latin nuncupatio, -onis nf = désignation solennelle d’héritier [11] – vulh var. de vuòlh / vuelh anc. 1e pers sing de l’indic. présent du v. voler : vouloir [12] – lecture incertaine… [13] – ey note la réal. loc. de -es- final ou dev. consonne p. °mestre (c’est celle du parler local actuel !) [14] – -ch- note la palat. loc. de s après [j] p. °Teisseire = tisserand [15] – p. °ai fach = j’ai fait [16] – au sens du latin subscriptio : inscription au-dessous [17] – var. de sael / sagel nm : sceau [18] – ici ss doute g à valeur de /j/ p. n-oc °soplejar (s-oc °soplegar) = supplier [19] sigle de Jhesus Christ [20]– subj pprésent 3e pers sing du v. °dignar = daigner ; que el y dingne a far metre : qu’il daigne y faire mettre

Les travaux de M. Jean Roux de Ribérac sont publiés momentanément et avec l’accord de Madame Colette Roux à ces adresses ci-après. Par respect pour ses volontés, nous ne donnons ici que les liens qui de fait, s’éteindront avec le site qui les publie aujourd’hui au profit d’une publication ou mise en ligne par ailleurs :


Higounet, Ch. Cartulaire des templiers de Montsaunès, bull. philologique et historique, 1957, pp. 211-294

Ces notes manuscrites, reflètent un travail de dépouillement de l’édition du Cartulaire des templiers de Montsaunès par Charles Higounet dans le bulletin philologique et historique, 1957, pp. 211-294.

Dinguirard-sd.-Notes-MS.-Depouillement.-Le-cartulaire-des-templiers-de-Montsaunes-Ste-Foi

 


Ethnolinguistique, dialectologie et terroirs gascons

Abeilles, ruches et apiculture

Le Gascon

Les Landes de Gascogne 

Les Landes, avant leur boisement Napoléonien, ont été ethnographiées pendant plusieurs décennies par Félix Arnaudin qui nous laisse une bibliothèque entière de notes ainsi que de vastes recueil de proverbes et contes. Arnaudin a consacré sa vie à révéler la beauté de la Grande-Lande et la dignité des hommes et des femmes qui vivaient sur ce territoire avant sa colonisation forestière à marche forcée décidée par Napoléon III, à une époque où le gemmage constitue une source de revenus significatifs et où l’on gemme les pins à mort avant de les abattre.

Certains scientifiques contemporains « de salon » déjugent son travail, il convient d’une part de rappeler que son niveau élevé d’exigences l’a amené à ne publier que deux textes et que le patrimoine qu’il nous laisse constitue un fonds réparti dans au moins deux musées de Nouvelle Aquitaine et que la seule restauration de ses photographies mobilise une personne à temps plein. Pour mieux connaitre son œuvre, lire les deux ouvrages de Marc LARGE aux éditions Passiflore.  Le 30 septembre 1902, Arnaudin reçoit la médaille en vermeil des jeux floraux de l’Escole Gastou-Fébus37.

Sur la linguistique et la phonologie, concernant les dialectes parlés dans les Landes, l’ouvrage méconnu et pourtant de référence est à nouveau accessible grâce au travail des éditions FeniXX :

30 ans plus tard, Mme Lotte Elly Maria BEYER effectue une enquête ethnographique aboutissant à la soutenance de sa thèse. Elle n’a pas croisé Félix Arnaudin et n’a pas été reçue par la société de Borda dont il était membre, à une époque où la défiance vis-à-vis du pays d’origine de Lotte Beyer s’inscrit dans un contexte historique très spécifique. Son travail, étudié par MM. Bromberger, Chiva et Beitl, fût partiellement traduit en français et publié par les éditions du Cairn (ouvrage épuisé).

C’est au tour de l’ethnographe d’être – modestement – ethnographiée ! Je n’ai pas pu trouver de photo de Lotte Beyer mais son inscription au registre de l’Université de Hamburg et sa fiche signalétique sur le site de cette Université, ainsi que ses 3 cartes d’étudiante [Source : Université de Hamburg] : Philosophische Fakultät, Sommersmester 1932 :  carte 3.1carte 3.2, Philosophische Fakultät, Sommersemester 1927 : carte 1.1carte 1.2, Rechts- und Staatswissenschaftliche Fakultät, Sommersemester 1923 : carte 2.1 – carte 2.2.

BEYER LUCAS, Lotte. Der Waldbauer in den Landes der Gascogne – Haus, Arbeit und Familie 1937, 1939, 1944 :

Toulouse

Pyrénées 

Camargue et Saintes Marie

  • Décembre 2020

Wörter und sachen

Depuis peut-être la révolution jusqu’à la seconde moitié du XXe siècle, le dogme linguistique en vigueur en France, formalisé par le discours de Gaston Paris « Les parlers de France« , nie la réalité linguistique, identitaire et culturelle de nos terroirs, de l’Occitanie en particulier (Lieutard et al.) à l’exception relative de la Provence depuis Miréio de Mistral. La mobilisation pour l’unité patriotique contre la Prusse a cristallisé ce discours, alors que la diversité et l’enracinement culturel irrigue la puissance de la nation, y-compris de longue date en capitaines et mousquetaires gascons. Dans un tel contexte, l’école Hambourgeoise des mots et des choses, qui ethnographie et donc révèle nos différences locales et régionales, n’avait aucune chance de s’épanouir sur notre territoire.

Beitl, Bromberger et Chiva nous rappellent que 16 des 53 études ethnographiques et dialectologiques menées dans les années 1930 sous l’égide de Fritz Krüger avaient la France pour terrain d’enquête. Précisons que plusieurs d’entre elles se sont déroulées en Gascogne, comme « Les Hautes-Pyrénées » de Krüger, ou en Gascogne maritime comme « Le paysan de la forêt » de Lotte Lucas-Beyer. Plusieurs de ces travaux, regroupés au sein d’un article dédié, sont proposés sur ce site.

Derrière ce lien, une recension du copieux hommage au professeur Krüger a été publié en 2 volumes : Homenaje a Fritz Krüger. Facultad de Filosofía y Letras, Universidad Nacional de Cuyo, Mendoza (República Argentina), 1952 y 1954; 2 vols.: xxx + 464 y [xvi] + 690 pp., con gran número de ilustraciones. September 1958. Nueva Revista de Filología Hispánica (NRFH) 12(3/4):434
DOI: 10.24201/nrfh.v12i3/4.3077.

Les articles mis en ligne sont principalement issus de deux revues :

La croisade des Albigeois, illustrée par Gil Chevalier, Régent de Catachimie au Collège de ‘Pataphysique

Patois

L’abbé Théobald LALANNE, gascon landais & inventeur de la dialectométrie 

  • Théobald Lalanne, enquêteur principal de l’Atlas linguistique et ethnographique de la Gascogne jusqu’à son décès, pour la moitié de l’œuvre, accumulait plusieurs compétences : linguistiques et mathématiques. Au creuset des enquêtes de terrain et aux côtés du « maître » Jean Séguy, il meurt à ses certitudes et à sa conception de sa propre identité linguistique et culturelle. Cette œuvre alchimique engendre une nouvelle science : la dialectométrie. Si les 2 volumes qui en témoignent sont introuvables et ne seront lires de droits que dans quelques années, on peut en lire une synthèse par Lalanne lui-même publiée par l’Institut des Etudes Occitanes.

L’abbé FERRAND et la revue catholique de Bordeaux.

Portrait-de-l-Abbe-Arnaud-FERRAND

 

 

Le Trésor du Périgord :

Bibliographie (autres)


1975 – Ethnolinguistique de la haute vallée du Ger, Thèse d’Etat
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Ger-de-Boutx (Le Plan). Crédit photo : Marie-Thérèse VERGARA

Ethnolinguistique de la haute vallée du Ger, Thèse d’Etat soutenue par Jean-Claude Dinguirard, sous la direction du professeur Jean Séguy puis Jacques Allières, à l’université de Toulouse le Mirail. Pierre Bec faisait partie du jury.

Jean-Claude Dinguirard en a rédigé lui-même le résumé, à télécharger ici.

Les questions liées aux noms de maison ou à l’enseignement du gascon comme langue maternelle notamment, qui font l’objet de travaux d’approfondissement publiés par ailleurs.

L’ethnolinguiste Dinguirard, agrégé de lettres modernes, est par ailleurs expert en matière de roman policier populaire. Il cultive le goût pour le spécifique non-seulement dans sa pratique de la discipline qu’il définit en début d’ouvrage, où il se méfie des généralités hâtives, mais également comme régent au sein du Collège de ‘Pataphysique, science des particularités par excellence.

Pour parler de cette thèse, donnons la parole à ceux qui sont le mieux susceptibles de nous en donner un avant-goût savoureux tout en y associant la notoriété de leur signature. Marguerite Gonon, honneur aux dames, commence ainsi son compte-rendu : « C’est un plaisir rare de lire une thèse en gardant le sourire :  rendons-en grâce, de prime abord, au style comme au sujet. ». Nul besoin en effet d’être linguiste ou littéraire, pour goûter aux plaisirs de sa lecture quitte à faire l’impasse sur les passages les plus ardus. Kurt Baldinger précise « Ce que Dinguirard rassemble ensuite dans l’essentiel des faits et textes historico-culturels, économiques, folkloriques et linguistiques de ce « territoire minuscule » [395], c’est-à-dire une vallée montagneuse de quelques kilomètres de long et escarpée à la frontière de l’Ariège, est d’une étonnante variété. »

Méthode. Gonon comme Baldinger, voient dans la méthode de Dinguirard l’empreinte laissée par le maître – Jean Séguy – à qui l’auteur rend un hommage appuyé tout en prenant ses distances et développant ses propres interprétations en diverses occasions. Cette empreinte se remarque en cela que Dinguirard ne néglige aucun fait, aucune source, que tous les éléments ethnographiques accessibles, avec un chapitre spécifiquement consacré à l’histoire, sont collectés et examinés pour éclairer les faits linguistiques. Baldinger précise que l’importance accordée par Dinguirard à une documentation solide relie cette thèse à la démarche de l’école « des « mots et choses » : d’abord les faits en détail, ensuite seulement l’interprétation prudente ; il est contre les généralisations hâtives, les « brumes métaphysiques ». Et de fait, on trouve à la bibliographie de la thèse, des ouvrages méconnus relatifs aux Pyrénées des maîtres de cette école : Krüger, Schröder, Schönthaler, Schmolke, Brelie, Meyer-Lübke, Löffler, voire l’anthropologue-historien-linguiste Julio Caro-Baroja.

Son ethnolinguistique de la haute-vallée du Ger prend ainsi une tournure de scène de vie passée au crible jubilatoire d’une enquête plus descriptive qu’interprétative. La lecture est immersive, on rit de bon cœur avec les formulettes et ethnotextes recueillis, on est ému par les croyances relatives à la faune populaire comme celles relatives aux fées et autres présences de l’invisible qui enveloppent de mystère nos belles Pyrénées.

Apports scientifiques, innovations, découvertes. Gonon et Baldinger soulignent l’apport du lexique cadastral du XVIIe siècle. Baldinger indique en note son intention de reprendre ce lexique dans son dictionnaire onomasiologique de l’ancien gascon (DAG). Baldinger souligne le fait que Dinguirard innove, en abordant la métalinguistique populaire, encore peu étudiée. Il relève également quelques découvertes : Sahorgue < ipsa fabrica dans le cadastre de 1698, aujourd’hui Eth Sahörga avec ILLE supplémentaire [75], ou encore le pouvoir de la tradition et des conventions, dans l’attribution des prénoms et diminutifs. Je voudrais ajouter l’imposant travail, rigoureux et exhaustif, réalisé sur les noms de maison et qui a fait l’objet, avant la thèse, d’un mémoire de maîtrise qui a reçu le prix JISTA en 1963. Enfin, Dinguirard analyse en diachronie l’évolution d’un bilinguisme entre gascon du Couserans et gascon du Comminges, auquel se surajoute plus récemment un bilinguisme gascon-français.

Si Baldinger appelle de ses vœux que cette thèse fasse école, Margueritte Gonon avant lui, conclue ainsi sa lecture : « Outre le plaisir constant qu’on prend à  lire ces pages qui font découvrir un pays très typé, l’adhésion de l’esprit est totale devant la méthode. Il s’agit d’une monographie totale, au meilleur sens  du mot, Et les monographies sont indispensables pour connaître et pour comprendre «  la linguistique ».  C’était une idée chère à la fois à Séguy et à Gardette que la linguistique n’est pas  «  une fin en soi ».  Elle n’est qu’un témoin, mais le plus vivant et le plus indiscutable pour saisir la mentalité des  hommes dans l’espace et dans le temps. M. Dinguirard en a fait une éclatante démonstration. ».

Enfin, J.-L. Fossat souligne le fait que « J.-C. Dinguirard, dans une étude lexicale et dialectale, qui ne néglige pas d’examiner le folklore, établit clairement la relation de covariance entre distance lexicale dans le canton de St Béat et le fait que certains individus de la communauté présentent le trait colporteurs (…) l’orientation commune devrait être la recherche de la détermination d’indices de position sociale des informateurs définis selon les critères classiques de la démographie, de l’histoire et de la géographie humaine. »

Critique

On trouve dans la thèse de Bruno Besche-Commenge, une critique tout à fait fondée : « Ethnolinguistique de la haute vallée du Ger » n’étudie pas le lexique agro-pastoral. Il subsiste pourtant un berger aujourd’hui au Ger (Monsieur Mégardon), et je crois que son père était berger également. L’enquête aurait donc été possible, en théorie au moins : tous les locuteurs ne se prêtent pas au jeu de l’enquête ethnolinguistique. Voici un extrait de cette thèse, qui outre cette critique, souligne un apport de valeur : « l’axe Est/Ouest importe bien plus du point de vue linguistique que l’axe Nord/Sud ».

Principales sources :

FD, le 21 Février 2021 révisé le 02 août 2023.

 

Références secondaires


1982 – Via Domitia n° 28 : So ditz la gens anciana, proverbes et troubadours
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Via Domitia, n° 28 : Les proverbes dans les textes des troubadours.

Voltoire
Le marchand Voltoire

p. 13 : Lous areproues gascous, de Bertrand Larade, ici remis au jour, avec notes comparatives avec les mimes de Baïf,
p. 53 : Les proverbes de Voltoire,
p. 58 : Lous moutets guascous deou marchan De Voltoire,
p. 109 : La culture parémiologique d’un troubadour : Marcabru,
p. 123-125 : Parémiologie de Gascogne, reclasse et met à jour Van Gennep, Manuel 4. Pour une approche plus complète, voir 1979-1980 – Bibliographie critique des proverbes des Pyrénées gasconnes.

So ditz la gens anciana. Via Domitia n° 28, pp. 1-126

Voir aussi sur Gallica et sur le site de Tolosana, la bibliothèque numérique patrimoniale des universités toulousaines :

Références secondaires


1981 – Des rimes gasconnes ?
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Une lecture du premier sirventes de Marcoat où l’auteur décèle des rimes gasconnes.

Via Domitia n° 26, pp ; 47-48. Article signé Marin Levesque

 

 

 

 


1980 – Enfin Larade !
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Margalide Gascoue de Bertran Larade
Margalide Gascoue de Bertran Larade

Enfin Larade ! La Revue de Comminges n° 1980-1, pp. 149-150.

Avec l’aimable autorisation de la Société des Etudes de Comminges, et de la BnF pour Gallica.

Dans un premier article, J.-C. Dinguirard fait l’éloge de la publication par le CIDO de photographies du texte original de La Margalide Gascoue, et signale au passage quelques erreurs dans l’édition de 1932 de Bernard Sarrieu.

Ce signalement a pu déplaire et des preuves ont été – bien légitimement – exigées – et donc fournies. Le lecteur voudra bien se référer à la seconde version de ce C.R. paru dans Via Domitia, plus complète et qui signale précisément une soixantaine d’erreurs chez Sarrieu.

 

 

 

 

 

 

 

 



1963 – 1965 Les noms de maisons dans la haute vallée du Ger
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En Haute-Gascogne, les gens ont un double état-civil : prénom et nom patronymique constituent celui des événements officiels, tandis que le prénom ou surnom, auquel on adjoint « De » puis le nom de maison, réalise un état civil de proximité, d’usage quotidien.
Dans ce mémoire – ethnolinguistique – pour le D.E.S. de 223 pages, le terrain étudié est celui de la haute vallée du Ger.

Un article d’une trentaine de pages, paru dans Via Domitia en 1965, est tiré de ce mémoire, également disponible ci-après.

6 enregistrements audio datés de 1970-1975, qui ont servi à l’élaboration de ces articles.

 

 

 

Références secondaires


1962 – 1970 Notes sur une folklorisation : le processus de folklorisation de l’abbé Paul Mothe, poète commingeois (de Ger-de-Boutx)
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L’abbé Paul Mothe a choisi de vivre à Ger-de-Boutx, alors que le Cardinal de Clermont-Tonnerre lui proposait un autre avenir. Il y a prospéré, suscitant bien des jalousies et il a notamment fondé la maison De Camarade.

Jean-Claude Dinguirard met en évidence un processus de folklorisation dans la revue Arts et Traditions populaires.
– Notes sur une folklorisation, Arts et traditions populaires, 18e Année, No. 1/3 (Janvier-Septembre 1970), pp. 159-181, lien ci-dessous, complété ultérieurement par des ajours non-publiés, également ci-dessous [Possible influence Quenienne, cf. Subsidia Pataphysica 12-13, p 24.]
– Voir aussi : quelques éléments bibliographique de l’abbé Paul Mothe parus dans la presse (ci-après) ainsi que les œuvres de l’abbé Paul Mothe 

 

 

Références secondaires


1972 – Contribution Ethnolinguistique à l’enseignement du Gascon langue maternelle
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Cette contribution rend compte d’une enquête menée dans la haute vallée du Ger entre 1968 et 1971, pour comprendre comment un jeune Pyrénéen apprend le gascon. Plusieurs comptines et textes ou chansons utilisé dans l’enseignement du gascon comme langue maternelle y sont présentés. Les enregistrements audio correspondant, sont réalisés à Ger de Boutx par Jean-Claude Dinguirard dans le cadre d’interviews de sa tante paternelle Madame Juliette MOTHE, et publiés avec l’autorisation de tous les membres de sa famille sur 3 générations :

  • Sarra bagueta, p. 47,
  • Motin, motin, montaina, p. 49,
  • Per aquera carreretta, p. 51,
  • Tin-tan, p. 52,
  • Quéquéréqué, p. 54, voir aussi les articles proposés sur ce site relatifs aux formulettes et autres « quéquéréqué »,
  • Saba-saba, p. 56,
  • Eth drolle dera codina, p. 58,
  • Harri harri, p. 59,
  • Bernat d’Esclopetas, p. 60, voir l’article et l’audio dédiés, sur ce site,
  • Cinq légendes topographiques : Coulédoux, le Couéou, Plan du Rey, Lacus, Aspet, pp. 64-65,
  • Histoire de Niais, p. 66,
  • La Fée au tison, p. 67,
  • La Fée capturée, p. 68,
  • La Fée brûlée, p. 70,
  • Santot Merdot, p. 76.

1972, J.-C. Dinguirard, Contribution Ethnolinguistique à l’enseignement du Gascon langue maternelle. Via Domitia n° XVI, pp. 43-90

1973, Mothe, Juliette. Sarra bagueta

1973, Mothe, Juliette. Motin, motin, motaina

1973, Mothe, Juliette. Motin, motin, motaina 2 : en situation

1973, Mothe, Juliette. Per aquera Carreretta

1973, Mothe Juliette. Tin-tan, Campana de Solan

1973, Mothe, Juliette. Quéquéréqué

1973, artiste inconnu, Saba-saba

1973, Mothe Juliette. Saba-saba

1973, Mothe, Théo - Saba saba

1973, Mothe Juliette. Légende onomastique - Étymologie du toponyme d'Aspet

1973, Mothe Théo. Légende onomastique - toponyme Coulédoux

1973, Mothe, Théo. Légende onomastique - Toponyme Lacus Lac d'Us

1973, Mothe, Juliette. Histoires de fées

1973, Mothe, Juliette. Nosta Dama de Pomèr : Santot Merdot

Références secondaires


1973 – 1975 : Ethnographie des formulettes « Quéquéréqué » en Comminges
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Une série d’articles ethnographiques sur les textes enfantins et formulettes du folklore commingeois, ou « Quéquéréqué ».

– Le Comminges : un affreux désert [folklorique] ? Revue de Comminges, 1973, LXXXVI, pp. 199-201
– Un texte surréaliste. Revue de Comminges, 1973, LXXXVI, pp. 405-406
– Quéquéréqué ! (suite). Revue de Comminges, 1975, n° LXXXVIII-3, pp. 327-330

Articles mis en ligne extraits de Gallica, avec l’aimable autorisation de la BnF et de la Société des Etudes de Comminges.

Voir aussi Quéquéréqué dans l’article : 1972 – Contribution Ethnolinguistique à l’enseignement du Gascon langue maternelle

Références secondaires


1977 – Français et gascon dans les Pyrénées centrales
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A propos du bilinguisme gascon-gascon entre Coulédoux (Couserans) et Ger-de-Boutx (Comminges) et de l’influence de l’arrivée du français sur cette situation linguistique particulière.

Les enregistrements effectués par Jean-Claude Dinguirard dans les années 1970 de la plupart des chansons transcrites dans cet article, ont pu être retrouvés, numérisés depuis bandes magnétiques et sont mis en ligne ci-après.

De plus, un enregistrement de locuteur natif de Ger-de-Boutx indique que prières et berceuses étaient, dans sa jeunesse, déjà dites en français.

 

 

Références secondaires


1971 – La « Montagne » dans les contes de Bladé
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La montagne : un monde à l’envers pour les peuples des plaines. Ici dans les Pyrénées gasconnes.

Bladé - Contes populaires de Gascogne
Bladé – Contes populaires de Gascogne

La « Montagne » dans les contes de Bladé, revue de Comminges, 1971, LXXXIV, pp. 141-147.

Articles publiés avec l’aimable autorisation de la Société des Etudes de Comminges et de la BnF pour Gallica.

 

 

 

 

 

 

 

 

Références secondaires


1976-1983 – Faune populaire et proverbes de Gascogne
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Du 15 septembre 1976 à – probablement – mi-1983, Jean-Claude Dinguirard alimentait un index de la faune populaire de Gascogne. Ce sont environ 1 755 traces et pas moins de 137 animaux qui sont ainsi suivies, à travers une vingtaine d’ouvrages, principalement parémiologiques, de quinze auteurs. Cet index a été ressaisi et une première analyse quantitative en est proposée ci-après.

20% (27) des animaux les plus représentés, totalisent 80% des occurrences soit 1 414 apparitions. Félix Arnaudin est l’auteur chez qui l’on trouve le plus d’occurrences (37%). Cinq auteurs totalisent 80% des occurrences de l’index.

S’agissant non plus du nombre d’animaux, mais du nombre d’entrées c’est-à-dire du nombre d’animaux distincts par auteur, le classement est sensiblement inchangé notamment avec Arnaudin et Dardy en tête toutefois l’écart entre eux est très réduit : si Arnaudin a sans doute réalisé une compilation bien plus volumineuse, la biodiversité est sensiblement la même entre Arnaudin et Dardy. De plus, quand 5 des auteurs du panel totalisent 80% du nombre de mentions à un animal, il en faut 7 pour totaliser 80% de la biodiversité du panel et Lespy passe devant Dambielle et Bernat.

Enfin, sur les 137 animaux du panel, 38 – dont la sirène et le « Trote-camin », chez Arnaudin – ne sont cités que par un et un seul auteur. Le classement des auteurs uniques pour chacun de ces 38 animaux est sensiblement comparable au classement des auteurs par la biodiversité inventoriée dans le panel.

 

Lo Trote-camin (Pipit farlouze)
Lo Trote-camin (pipit-farlouze)

Ces éléments mériteraient peut-être une analyse en lien avec l’érosion de la biodiversité en Gascogne maritime, car parmi les animaux les plus cités, le chat arrive en troisième position après le chien et l’âne. Or, d’après Henri POLGE (Le franchissement des fleuves, Via Domitia n° XIX, 1976, p. 83), le chat ne se manifeste en Gaule que vers le début de l’ère chrétienne où il « capte la place et peut-être même le nom de la Genette », totalement absente de ce lexique. Les proverbes, comme les thèmes légendaires, se survivent à eux-mêmes en s’adaptant.

 

 

Constitution du panel :

Auteur Ouvrages
Abbé CASTET (a) Prov. Biros (1889) : page et n° du proverbe
(b) Prov. Couserans (1971) : n° du prov. Souligné

Nota. Voir aussi avec traduction en français l’édition du syndicat d’initiatives de Sentein en Biros :

Vastin LESPY Prov. Pays de Béarn (1876) : p. et n° du proverbe
Léopold DARDY Anthologie Albret, vol.I : p. et n° du prov. Vol II : souligné
Abbé Eugène BERNAT (a) Prov. Lang. Montagnard
(b) Prov. Pyr. Centr.
N° du prov. Seul, cas nom. Continue : (a) = 1-309 ; (b) = 310.588
Jean SEGUY Articles de J. Séguy, références diverses. Dont : Les noms pré-latins des animaux et des plantes en Gascogne
Henri POLGE Articles de H. Polge, références diverses
Pierre BEC Informations secondaires et motivations dans quelques noms d’animaux en gascon, RLiR 95-96 (1960) pp. 296-352
Charles JOISTEN Le folklore des êtres fantastiques en Ariège, Via Domitia 9 (1962)
Jean BOURDETTE Reproues det Labeda (1893) = n° du proverbe dans la copie de J.-C. Dinguirard
Jean-Auguste HATOULET et Emile PICOT Proverbes Béarnais (1862), n° de proverbe dans la copie de J.-C. Dinguirard
Félix ARNAUDIN Recueil de proverbes de la Grande-Lande : n° du proverbe
Honoré DAMBIELLE Nos proverbes gascons (1914 – 1927, 7 séries) : n° de la série, n° du thème, n° du proverbe

Série 1 : les 12 mois de l’année ; Série 2 : météorologie ; Série 3 : l’homme et la femme ; Série 4  : le mariage ; Série 5 : l’homme et son travail Série 6 : l’homme et les animaux domestiques ; Série 7 : l’homme social et religieux

Gerhard ROHLFS Divers
Hans Dieter BORK Neu Beiträge zur romanischen Etymologie (1975)
Félix LECOY Romania 1976-1

 


1978 – Folklore gascon du serpent
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Le folklore du serpent relève d’un bestiaire populaire non-validé par la science, fascinant à découvrir.

La femme aux serpents, muse des Augustins, Toulouse
La femme aux serpents, musée des Augustins, Toulouse

Le mythe du serpent galactophage en particulier, très présent en Gascogne, puise t’il ses origines à la préhistoire ? Un indice de plus, relatif aux origines pré-indo-européennes de la culture gasconne.

  • Folklore gascon du serpent. Revue de Comminges, 1978, XCI, pp. 277-283
  • Emission radiophonique « Panorama méridional », avec nos remerciements à France Culture (nous sommes preneurs des autres épisodes de la série)

A noter qu’en note 81,16 p. 112, dans « Les vers de M. de Pérez« , poète commingeois, J.-C. Dinguirard rappelle que dans la zoologie préscientifique, les petits de la vipère passent pour tuer leur mère à la naissance, condamnés qu’ils sont à lui dévorer le ventre pour parvenir au jour ; et de citer un autre poète gascon, Du Bartas : « L’ingrate Vipère | Naissant, rompt les flancs de sa mourante mère (DU BARTAS, sepmaine VI, 224 s.).

Parmi les traces de serpent dans le folklore gascon, Henri Polge (Le franchissement des fleuves, Via Domitia XIX, 1978, p. 87 note 52) signale un basilic habitant le puits sous la sacristie de la paroissiale de Castelnau-Barbarens jusqu’au XVIIe siècle, d’après Chroniques ecclésiastiques du diocèse d’Auch, 1746, p. 391.

On entend dans l’enregistrement, J.-C. Dinguirard reprendre une formulette enfantine dont j’ai retrouvé le texte complet chez Pierre BEC dans RLiR 1960, page 314. Il s’agirait donc de la « formule enfantine de Bethmale signalée par Rohlfs (Le gascon, p. 40) :
Panquèra, bèra, bèra, Qu’as pan enà taulèra, Hormatge enà ‘scudera, E leit enà caudèra.
(Belette, belle, belle — tu as du pain sur la table — du fromage dans l’écuelle — et du lait dans le chaudron).
La forme type est panlèit ; var. [pal’èit, pal’et] et parfois au plur. [pa(n)l’è(i)ts]. »

Le dernier mot de l’interview fait référence à un article de Henri POLGE sur le nom du lézard dont voici peut-être la référence : Le lézard assassin et le domaine euskarien prélatin, dans Archistra, automne 1973, p. 85-87.

Nota : avec l’autorisation de la Société de Mythologie Française, ci-après également en téléchargement un article du professeur Henri FROMAGE contenant un paragraphe dédié au folklore du serpent.

J.C. Dinguirard, émission radiophonique dédiée au folklore gascon du serpent

Références secondaires


1979 – Être ethnolinguiste, en Gascogne, aujourd’hui
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Intervention de J.-C. Dinguirard au colloque international d’Ivry de 1979.
Ethnolinguistique : contributions théoriques et méthodologiques : actes de la Réunion internationale Théorie en ethnolinguistique, Ivry, 29 mai-1er juin 1979, SELAF, 1981, pp. 69-79.
Voir aussi les interventions de J.-C. Dinguirard dans les débats, retranscrits aux pages : pp. 80-82 ; pp. 124-125 ; p. 142 ; pp. 172-173 ; p. 175 ; p. 187 ; p. 208 ; p. 210 ; p. 257-258 ; p. 273-274.

L’ensemble de ce colloque et de son compte rendu est le fruit du travail de Franck Alvarez-Pereyre.

Les actes complets peuvent être obtenus par prêt interbibliothèques, ils méritent définitivement d’être lus et partagés. Parmi les interventions, celles de G. Calame-Griaule, J. Fribourg, F. Alvarez-Pereyre, M.P. Ferry, S. Aroutiounov et tant d’autres. On lira aussi les débats retranscrits.

Cet article évoque les spécificités de l’ethnolinguiste, notamment son ouverture démarcative de fait, aux disciplines non-exclusivement linguistiques (sémantique, histoire, etc.). Parce qu’il multiplie les terrains d’investigations, il ne relève d’aucune exclusivité de chaire et peine à s’intégrer à quelque groupe savant que ce soit faute d’exclusive. Tous rejettent l’ethnolinguiste ? Non ! Il existe un « village » ami, celui des dialectologues, et certaines revues telles que la revue des linguistique romane. Linguistique, dialectologie, sémantique, histoire ont tout à gagner à tisser entre elles des liens de collaboration étroits. Cela reste difficile comme le montre le livre hommage à Claudie Amado qui compile des articles d’historiens et de linguiste qui convergent dans leurs conclusions sur l’origine occitane de l’épopée de Guillaume d’Orange, mais s’ignorent les uns l’autre (Laurent Macé, éd., Entre histoire et épopée : Les Guillaume d’Orange, IXe-XIIIe siècles – Hommage à Claudie Amado, Toulouse, CNRS / Université de Toulouse-Le Mirail, 

Nota : Au lecteur qui s’étonnerait de la réaction aux propos de J.-C. Dinguirard autour du terme de « terrorisme » dans le débat entre théorie et pratique ethnolinguistique, nous renvoyons à la lecture en pages 6 et 7 de l’introduction de Charles Camproux à l’ouvrage « Les noms de lieux et de personnes » par Christian Baylon et Paul Fabre, lien Gallica ci-après.

Article publié avec l’autorisation du Lacito que nous remercions vivement.

Bibliographie citée, outre les atlas Linguistiques (en cours de rédaction) : 

  • 1891, Maxime Lanusse. De l’influence du dialecte gascon sur la langue française, de la fin du quinzième siècle à la seconde moitié du dix-septième. Thèse présentée à la Faculté des lettres de Paris. Grenoble, imprimerie Allier, 1891
  • 1932-1936, Palay, Simin. Dictionnaire du béarnais et du gascon modernes (bassin de l’Adour) embrassant les dialectes du Béarn, de la Bigorre, du Gers, des Landes et de la Gascogne maritimeA-E & F-Z
  • 1934, La Terminologie pastorale dans les Pyrénées centrales, thèse de doctorat présentée à la Faculté des lettres de l’Université de Tübingen, par Alfons Th. Schmitt.
  • 1937, V.-D. Elcock, De quelques affinités phonétiques entre l’Aragonais et le Béarnais.
  • 1943, Dauzat, Albert. Essais de géographie linguistique: Deuxième série. Problèmes phonétiques
  • 1947, Febvre, Lucien. Le problème de l’incroyance au XVIe siècle
  • 1952, Revue Orbis, langue des hommes – langue des femmes
  • 1953, Seguy, Jean : Les noms populaires des plantes dans les Pyrénées centrales. Barcelona, 1953.
  • 1954, Séguy, Jean. Accommodements avec une loi d’accommodation. Via Domitia n°1.
  • 1958, Kelkel, Lothar. Monde et langage: Réflexions sur la philosophie du langage de Wilhelm Von Humboldt. Etudes Philosophiques, 1958.
  • 1959-1960, Chants folkloriques gascons, de X. Ravier et J. Seguy. Via Domitia 6 et 7, 1959 et 1960, réédités en 1978 sous le titre de Poèmes chantés des Pyrénées gasconnes
  • 1962, Carrascal Sanchez, J. ; La penetracion de la lengua catalana en el dominio gascon. Barcelona, 1962.
  • 1962, Joisten, Charles. Les êtres fantastiques dans le folklore de l’Ariège. Via Domitia n° 9, pp. 16-78
  • 1964, Straka, Georges. Théorie des famines. Revue des travaux de linguistique littérature n° 2, 1964
  • 1965, Ravier, X. : Le traitement des données négatives dans l’ALG. RLiR 115-116 (1965), pp. 262-274.
  • 1965, Geneviève CalameGriaule. — Ethnologie et langage : La parole : chez les Dogon, [Paris], Gallimard [1965], 589 p.
  • 1965, Hubschmid, Johannes. Thesaurus praeromanicus.
  • 1965, Heger, Klaus. Travaux de Linguistique et de Littérature
  • 1967, Contes populaires de la Grande Lande. Arnaudin, Félix, Boisgontier, Jacques, Latry, Guy
  • 1968, BEC, P. : Les interférences linguistiques entre gascon et languedocien dans les parlers du Comminges et du Couserans. P., 1968.
  • 1969, Guiter, Henri. Concordances linguistiques et anthropologiques. Revue de Linguistique Romane, n° 33.
  • 1970, Rohlfs, Gerhard. Le gascon. Étude de philologie pyrénéenne. 2e éd., entièrement refondue. Tübingen, Max Niemeyer, et Pau, Marrimpouey jeune, 1970.
  • 1971, Fossat, J.-L. : La formation du vocabulaire gascon de la boucherie et de la charcuterie. Toulouse, 1971.
  • 1972, Séguy Jean. Fossat (J. L.), La formation du vocabulaire gascon de la boucherie et de la charcuterie. Etude de lexicologie historique et descriptive, Toulouse ; 1971. In: Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, Tome 84, N°106, 1972. pp. 95-97.
  • 1973, Ravier, X. : L’incidence maximale du fait dialectal. Les dialectes romans de France à la lumière des Atlas régionaux, P., 1973, pp. 43-59.
  • 1973, Pottier Bernard. Le domaine de l’ethnolinguistique. In: Langages, 5ᵉ année, n°18, 1970. L’ethnolinguistique, sous la direction de Bernard Pottier. pp. 3-11.
  • 1973, « Pluralité des parlers en France », Ethnologie française, n° 3, Paris, 1973
  • 1974, Freche Georges. — Toulouse et la région Midi-Pyrénées au siècle des lumières (vers 1670-1789). — [Paris], Cujas
  • 1979, Ravier, Xavier. Le récit mythologique dans les Pyrénées bigourdanes, essai d’ethnolinguistique
  • 1983, André Leroi-Gourhan. — Les religions de la Préhistoire (Paléolithique), Paris, Presses Universitaires de France

Références secondaires


1978 – Vocabulaire gynécologique gascon
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Note sur le vocabulaire gynécologique du texte gascon, article paru dans « Statut du texte occitan dans un traité de médecine du XVIe siècle », Via Domitia n° 20-21, pp. 11-12.

 

 

 

 

 


1979 – Observations sur le gascon des plus anciennes chartes
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Cet article traite du gascon médiéval, écrit entre 1160 et 1200 dans l’arrondissement de Saint-Gaudens concernant la Maison du Temple de Montsaunès. Il est ici beaucoup question de morphologie, mais aussi de lexique, d’onomastique, de sémantique (avec une référence, page 10, à 1980 ; Pour une sémantique du silence), d’ethnolinguistique.

Observations sur le gascon des plus anciennes chartes, Via Domitia 22, T 15, pp. 9-46

 

Références secondaires



1982 – Notes aquitaines
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Convenae et Couserans, Raymond LIZOP
Convenae et Couserans, Raymond LIZOP

Notes aquitaines. Via Domitia n° 27, pp. 55-70

Au sommaire de cet article :

1- Virgile de Toulouse et l’état linguistique de l’Aquitaine au VI° siècle
2- Le nom Comminges < Convenae et la phonologie de la langue des aquitains
3- Des basques au Val d’Aran ?

Résumé en version française plus bas, ici en occitan.

Convenae

Per jutjar de l’autenticitat de la forma latina CONVENAE, lo punt decisiu es dins los grops –nv- vs –mb-, saber se son tractats identicament o pas. Jean-Pierre Chambon e Yan Greub considèran que la confusion de –v- e de –b- (lo “betacisme” gascon) es precòça (Chambon & Greub 2002 p. 480) en s’apiejant justament sus las formas CONBENAS / COMBENAS portadas per de monedas merovingianas, qu’atestarián d’un passatge de v a b al sègle 6. E la forma CUMMONIGO d’una moneda del sègle 7 mostrariá que –mb- segondari (çò es eissit de –nv-) es tractat coma –mb- primari.

Lo lexic general del gascon suggerís lo contrari, çò es a saber que lo grop –nv- latin es tractat diferentament del grop –mb- ancian. Aital COMBA dona ben “coma”, e CAMBA dona “cama”, mas “invidia” dona “enveja” [embˈejo] (present tanben en toponimia) …Coneissi pas de formas gasconas del tipe *[emˈejo] ni “*comidar” per “convidar” o « *emèrs » per « envèrs »etc.

Lo lexic general del gascon suggerís doncas puslèu que lo betacisme es posterior a la reduccion de « mb » a « m » … e doncas relativement recent. Carolingian benlèu. Almens dins l’èst gascon (ont es pas generalizat : s’aplica pas entre vocalas « lavar » [lawˈa] e pas [labˈa] coma en Bearn, e mai qualque còp s’aplica pas après consonanta « mauva » < MALVA se pronóncia [mawwo] dins de punts ALF de Gerç, Òut e Garona e Tarn e Garona) .

Invèrsament, l’idèa d’un betacisme (relativament) recent plaideja per considerar que CONVENAE es una aproximacion/interpretacion latina coma o pausava Jean-Claude Dinguirard e que la forma reala èra COMBENAE. Explica dirèctament las notacions merovingianas ancianas qu’an –b-, e explica mai lo tractament per simplificacion –mb > -m- coma dins CUMBA > “comba”… e non pas la conservacion coma dins INVIDIA > “enveja”. E explica doncas perqué avèm “Comenge” e non pas “*Convenge”).

CHAMBON Jean-Pierre et Yan GREUB 2002 Note sur l’Age du (proto)gascon. Revue de lingüistique romane 263-64, 473-49

ALF = Jules Gilliéron et Edmond Edmont 1902-1920 Atlas Linguistique de la France, Macon: Protat.

Pour accepter ou non l’authenticité de la forma latine CONVENAE,  le point décisif se trouve dans le traitement des groupes –nv- vs –mb-. Il s’agit de savoir s’ils sont traités identiquement ou pas. Jean-Pierre Chambon et Yan Greub considèrent que la confusion de –v- e de –b- (le fameux “bétacisme” gascon) est précoce (Chambon & Greub 2002 p. 480). Il s’appuient pour cela justement sur les formes CONBENAS / COMBENAS que portent des monnaies mérovingiennes, et qui attesteraient d’un passage de v à b au 6e siècle. Ils s’appuient aussi sur la forme CUMMONIGO qu’on lit sur une monnaie du 7e et qui montrerait elle que –mb- secondaire (c’est-à-dire issu de –nv-) est traité comme –mb- primari.

Le lexique général du gascon suggère le contraire, à savoir que lo grop –nv- latin es traité différemment du groupe –mb- ancien. Ainsi CUMBA donne bien “coma” ‘vallon’, et CAMBA “cama” ‘jambe, mais INVIDIA donne “enveja” [embˈejo] ‘envie’ (présent aussi en toponymie) … Je ne connais pas de formes gasconnes du type *[emˈejo] ni “*comidar” pour “convidar” ‘inviter’ ou « *emèrs » pour « envèrs » ‘inverse, contraire’ etc.

Le lexique général du gascon suggère donc plutôt que le bétacisme est posterieur à la réduction de « mb » a « m » … et de ce fait relativement récent. Carolingien peutèêtre. Du moins dans l’est gascon (où il n’est pas généralisé : il ne s’applique pas entre voyelles « lavar » ‘laver’ est [lawˈa] et non [laβˈa] coma en Bearn, et même parfois non plus après consonne : « mauva » ‘mauve’ < MALVA se prononce [mˈawwo] dans quelques points ALF du Gers, du Lot-et-Garonne et du Tarn-et-Garonne.

Inversement, l’idée d’un bétacisme (relativement) récent plaide pour considérer que CONVENAE est bien une approximation/interprétation latine pour COMBENAE comme le posait Jean-Claude Dinguirard et que la forme réelle était COMBENAE. Cette hypothèse explique directement les notations merovingiennes anciennes qui ont –b-, ainsi que le traitement par simplification –mb > -m- coma dins CUMBA > “comba”… au lieu de la conservation suivie de bétacisme comme dins INVIDIA > “enveja”. Cela explique donc que jous avons une forme  “Comenge” ‘Comminges’ et non pas “*Convenge”).

Références

CHAMBON Jean-Pierre et Yan GREUB 2002 Note sur l’Age du (proto)gascon. Revue de lingüistique romane 263-64, 473-495.

Patrick SAUZET, linguiste Occitan

 

Note de l’éditeur : L’auteur nous révèle en marge de cet article de fond, quelques éléments fondateurs de sa manière de travailler :  « Une fois de plus, il convient sans doute d’humilier la linguistique aux faits » (p. 62) qui nous renvoie à l’ars difficilima nesciendi cher aux disciples de Jean Séguy et « (…) par le langage, on se fait déjà une idée de l’homme. On ne sort jamais de l’ethnolinguistique… ».

Références secondaires


1979-1980 – Bibliographie critique des proverbes des Pyrénées gasconnes
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Une trentaine d’ouvrages consacrés à la parémiologie gasconne, pour moitié d’entre eux : la Gascogne pyrénéenne.
Paru en 1980 dans Recherches Pyrénéennes n° 0, pp. 103-108

 

 



1981 – L’article eth, era du gascon pyrénéen : archaïsme ou innovation ?
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L’article et, era du gascon pyrénéen : archaïsme ou innovation ? Lengas n° 12, pp. 37-61, 1981.

Carte linguistique des articles Eth Era Lo la le ALG
Carte linguistique des articles Eth Era Lo la le ALG

Jean Séguy (Les cartes auxiliaires de l’ALG – essai d’aréologie méthodique, Via Domitia n°3, p. 50, 1956), précisant que « L’article eth, era s’accroche s’accroche aux relief pyrénéens et subpyrénéens, au plateau de Lannemezan, tout le long de la cordillère gasconne », nous renvoie pour comprendre cette mystérieuse enclave ossaloise, à L’origine des ossalois, Passy, Jean, pp. 37 ; 122-127, etc. On se fera une idée des enseignements de cet ouvrage grâce au C.R. de Antoine Thomas publié en 1905 par La Romania pp. 474 sqq. : pour Jean Passy, la forme et, era caractérise la patois de la montagne quand le/lo, la celui de la plaine et il affirme que la population de la vallée d’Ossau sauf 3 villages, a été remplacée par une population venue de la plaine.

Jean-Claude Dinguirard, qui signale une erreur de source chez Jean Passy puisque Luchaire n’a trouvé l’article et, era que dans le cartulaire de Bigorre et non dans le cartulaire de Lézat (étudié par P. Ourliac et A.-M. Magnou), relance l’enquête et développe ici l’amorce de rupture avec la pensée communément admise – Luchaire, Rohlfs, Bec – qu’il évoquait déjà en note infrapaginale dans Via Domitia n° 28 (note n° 20, page 12, article So ditz la gens anciana) : l’attestation la plus ancienne de l’article montagnard, ne remonte pas avant le XVIIe siècle : une innovation, donc et non un archaïsme. Jusqu’à preuve du contraire…

 

Références secondaires


1981 – Ethnophonologie du h gascon
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Pour l’auteur, le h gascon, « Rastignac phonologique », présente tous les syndromes du phonème non-intégré, occupe tous les espaces laissés vacants, se substitue à n’importe quelle consonne. En Gascon, le h joue le rôle de degré zéro de la Consonne, et ce de manière persistante voire démarcative du dialecte.

  • « Lo no es bon Guasconet
  • se no sabe dezi
  • Higue, hogue, hagasset »

Proverbe cité par Leroux de Lincy, I, p. 349

Pour une ethno-phonologie : le cas du h gascon. Via Domitia n° 23, pp. 41-54

Lire aussi  1976 ; Note sur le [Ɛ-] / ts gascon et 1978 : La désinence [-w] de la 5° personne en gascon.

Références secondaires



1976 – Note sur le [Ɛ-] / ts gascon
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Cet article procède à une analyse phonologique comparative des lexiques Allibert (Dictionnaire occitan-français. Toulouse, 1966) et Palay (Dictionnaire du béarnais et du gascon modernes. Paris, 1961.) pour ce qui concerne les mots commençant par [Ɛ-] et dont la réalisation dans le dia-système gascon, peut être en [Ɛ], [éƐ] ou [iƐ], voire [aƐ].

Ce trait démarcatif du gascon par rapport à l’occitan, qui offre au [Ɛ-] de s’épauler d’une prothèse vocalique, éclaire peut-être la forme canonique de la syllabe initiale en aquitain pré-roman.

Lire aussi 1978 : La désinence [-w] de la 5° personne en gascon  et 1981 : Ethnophonologie du h gascon

 

 

 

 


1969 – NUbú Rei, virada gascona
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Virada gascona de J.-C. D., Audidor Enfiteoticari, Comandator Causit deth Orde dera Gran Caracòla.

Véritable portrait de Monsieuye Ubu
Véritable portrait de Monsieuye Ubu

Documents à télécharger ci-après :

Bonus audio en français, artistes non-identifiés.

(Traduction en gascon par Jean-Claude Dinguirard, auditeur emphytéotique, Commandeur de l’ordre de la Grande Gidouille.)

 

 

 

 


1983 – Étymologie du mot « Gadget », un emprunt de la langue britannique au gascon de Haute-Bigorre
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Simin Palay
Simin Palay

« Un gasconisme méconnu. Le dernier volume du Trésor de la Langue Française aura considérablement déçu le patriotisme local, dans nos régions, en méconnaissant les lointaines, mais pourtant évidentes origines gasconnes de l’anglicisme gadget : sur la foi du Petit Robert peut-être, mais en tout cas sans l’ombre d’une vraisemblance, on l’y ramène au français gâchette ! »

Extrait du Trésor de la Langue Française :

GADGET, subst. masc.
A.  Petit objet qui plaît plus par sa nouveauté et son originalité que par son utilité. Le gadget c’est le truc, le machin, le bidule : un objet qui ne vise à aucune recherche esthétique, qui ne prétend à nul service, qui ne sert à rien ou dont la fonction est si futile qu’on devine bien que sa création n’a pas été dictée par un besoin (Le Monde, 10 avr. 1966 ds GILB. 1971).
B.  P. ext. Solution miracle. Aucun gadget ne sera suffisant pour freiner le développement du chômage si nous ne soignons pas en même temps les conséquences apparentes et la cause du mal (L’Express, 24 avr. 1967 ds GILB. 1971).
Rem. Gadget peut servir de deuxième élément de subst. composé. Avion-gadget, robe-gadget (cf. GILB. 1971).
Prononc. : []. Étymol. et Hist. 1955 (Ch. Bruneau in Le Figaro litt., in Chroniques lang., I, 130 ds QUEM. DDL t. 4); 1962 des gadgets de luxe (L’Express, no 598, 44, ibid.). Angl. gadget « id. » attesté dep. 1886 (ds NED Suppl.) en usage dep. prob. 1870; d’orig. incertaine, peut-être à rapprocher du fr. gâchette*. Bbg. Gadgétomanie (La). Actual. terminol. 1975, t. 8, no 3, pp. 1-2. – GIRAUD (J.), PAMART (P.), RIVERAIN (J.) Mots ds le vent. Vie Lang. 1970, pp. 50-51.

« Je rappelle que les terres gasconnes, longtemps restées britanniques, ont enrichi l’anglais d’un petit contingent de mots. Pour celui qui nous occupe, il suffisait de consulter le dictionnaire de Simin Palay pour y trouver « gàdje (…) outil, ustensile, en Hts-Big. » (…) personne sans grande valeur. »

Gàdje-Simin-Palay
Gàdje-Simin-Palay p. 40 / 677

Jean-Claude Dinguirard. Via Domitia n° 30, 1983.

 


1976 – Les décrets de Pluviôse, an II
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Et si l’appât du gain avait accéléré la défaveur de certaines classes sociales envers le  » Patois  » ?

Les décrets de Pluviôse an II. Revue de Comminges, 1976, n°89-3, pp. 353-5.

Article mis en ligne avec l’aimable autorisation de la Société des Etudes de Comminges et de la BnF pour Gallica.

 

 

 

 




1977 – Un linguiste maudit : Alcée Durrieux
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Alcée Durrieux est un linguiste gascon méconnu de la fin du XIX°. Il est ici question de son « Dictionnaire étymologique de la langue gasconne avec la racine celte ou grecque de chaque mot gascon suivi du mot latin et français, Auch, G. Foix, 1899-1901, 371 p.« , à contre-courant des idées linguistiques communément admises.

Si en première lecture, Alcée Durrieux présente les stigmates du crank selon Martin Gardner ou du fou littéraire selon Queneau, l’auteur (Jean-Claude Dinguirard) lui découvre aussi des intuitions, séduisantes, parfois troublantes voire en avance sur leur temps. Citons :

  • une poétique théorie des strats (I, pp. 20s), comme la claire conscience de l’écologie du langage (I, p. 14) ;
  • l’idée qu’une langue se caractérise mieux par la grammaire que par le lexique (I, pp. 64 et 152);
  • l’enrichissement de ses analyses linguistiques par l’étude ethnographique (I, p. 72 s.);
  • les prémisses de la glottochronologie (I, pp. 164, 171).

Si l’auteur qualifie de trompeur le titre de l’ouvrage d’Alcée Durrieux, c’est peut-être du fait que l’intérêt et les apports du livre résident davantage dans cette richesse, ce foisonnement prometteur, bien loin du périmètre d’étude limité que l’on peut s’attendre à trouver en tournant les pages d’un « dictionnaire étymologique », ici qui plus est pour une étymologie non-validée.

L’auteur de conclure par une réflexion dialectologique, en droite ligne de l’école de dialectologie toulousaine et de l’héritage intellectuel de Jean Séguy.

Références secondaires


BROCK, Beau. Les origines d’une confusion identitaire : le cas du gascon, thèse. BA, The University of Wisconsin-La Crosse
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Sommaire :

  • Les langues régionales en Europe
  • Les origines des gascons
  • La nation gasconne
  • Qu’est-ce que le gascon ?
  • De la mort d’Henri IV
  • La Révolution et la renaissance régionale
  • Le présent
  • Conclusion
  • Bibliographie
  • Recueil des textes en gascon et en béarnais
  • Annexes :
    • 1355, lettre écrite par Jean de Mauléon a son seigneur
    • 1220, un extrait des fors du Beam
    • un poème de Pey de Garros, selon l’orthographe originelle
    • Déclaration des droits de l’Homme en gascon (également en ligne ici)
    • 1951, Loi Deixonne

 


Daugé, Césaire – Le mariage et la famille en Gascogne d’après les proverbes et les chansons et autres articles
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Le fichier de 300 pages proposé dans cet article-ressource compile « Le mariage et la famille en Gascogne d’après les proverbes et les chansons ». Le tableau ci-après inventorie et pointe vers les bulletins de la société de Borda qui publient l’abbé Césaire Daugé et qui sont disponibles sur Gallica.

TITRE ANNÉE
Le mariage et la famille en Gascogne d’après les proverbes et les chansons. (50 pages) 1913
Le mariage et la famille en Gascogne d’après les proverbes et les chansons (suite). pp. 35-68 ; pp. 141-167 ; pp.221-296 1914
Le mariage et la famille en Gascogne d’après les proverbes et les chansons (suite). pp. 375-438 ; pp. 509-548 ; pp. 375-390 ; pp. 391-438 ; pp. 509-548 1915
Le mariage et la famille en Gascogne d’après les proverbes et les chansons (suite). pp. 145-160

Félix Arnaudin. pp. 1-5

1922
Le mariage et la famille en Gascogne d’après les proverbes et les chansons (suite). pp. 1-18 ; pp.45-61 ; pp.93-110 ; pp. 159-174 ; 1923
Le mariage et la famille en Gascogne, d’après les proverbes et les chansons (suite et fin). pp. 1-16 ; pp. 85-101 ; pp. 121-137 ; pp. 189-205 ; 1924
Le mariage et la famille en Gascogne, d’après les proverbes et les chansons (suite et fin). pp.1-17 ; pp.53-69 ; pp. 105-109 ; pp. 113-115pp. 117-133 ; pp. 223-239 1925
Le mariage et la famille en Gascogne, d’après les proverbes et les chansons (suite et fin). pp. 1-17 ; pp. 53-69 1926
Le mariage et la famille en Gascogne, d’après les proverbes et les chansons (suite et fin). pp. 12-28 ; pp. 88-104 ; pp. 12-88 ; pp. 25-sqq ; pp. 245-261 

Une villa gallo-romaine à Masseube, Gers.

1927
Le mariage et la famille en Gascogne, d’après les proverbes et les chansons (suite et fin). pp. 27-42 ; pp. 103-120 ; pp. 197-212 ; pp.27 103 94 245 ; pp. 246-261

La crouts d’AVNOV

1928
La reconnaissance à Bégaar au XVIIIe siècle

Le mariage et la famille en Gascogne, d’après les proverbes et les chansons (suite et fin). pp. 25-40 ; pp. 98-113 ; pp. 174-190 ; pp.230-245

1929
Le mariage et la famille en Gascogne, d’après les proverbes et les chansons (suite et fin). pp. 33-48 ; pp. 80-96 

Clocher de Brocas

1930
Le trésor de Sames (Basses Pyrénées). 1923
Les Lahire Vignoles sont de Préchacq-les bains

La Dot de Marguerite Duboscq, première novice de Ste Claire à Tartas, 1638. P. 1925.

1925
Procès verbal de la convocation des Trois Etats de la Sénéchaussée des Lannes à Dax (1649). 1913