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Les mots et les choses de Louis SAUDINOS (1873-1962)

Louis Saudinos (1873-1962) – « Connaître, comprendre, construire ».

Créateur, promoteur et donateur de la section des Arts et traditions populaires du Musée du Pays de Luchon, Mestre d’Obro du Félibrige (Escolo deras PIreneos), fût lauréat du prix du Barron de Lassus pour ses études sur les mœurs et les coutumes traditionnelles et populaires dans les hautes vallées d’Oueil et du Larboust (RC, 1947, T60 – 1950, T63, p. 122). Membre de l’Académie Julien Sacaze à compter de 1939, il en est élu Vice-Président pour les années 1955 et 1956 puis, le 30 août 1956, Président pour les années 1957 et 1958. Par leg testamentaire, Louis Saudinos fait don de nombreuses pièces au Musée du Pays de Luchon et exprime le souhait que Jean Castex soit nommé Conservateur de la Section qu’il avait créée. En 1958, il fait partie de la Commission qui veille au bon emploi des fonds collectés en vue de la sauvegarde de l’Eglise romane de Benqué-Dessus.

« Saudinos, que s’ei tournat hol » [1], disait-on de lui, parce qu’il vidait les greniers pour augmenter la collection du musée de Luchon : une qualification populaire spontanée qui n’est pas sans rappeler celle que reçut en son temps, Félix Arnaudin qu’on traitait de Pèc dans ses Landes, à l’autre extrémité de la même Gascogne, tandis qu’il rémunérait en monnaie le temps qu’il prenait à ses informateurs et informatrices, sur les heures de labeur domestique ou agropastoral. Tandis que Théobald Lalanne déroulait son questionnaire linguistique dans les Landes de Gascogne, de village en village – de point d’enquête en point d’enquête – au volant de sa Simca, distribuant cigares et alcool fort pour délier les langues, Louis Saudinos parcourait en autobus le Pays de Luchon, offrant sucreries, cigarettes ou verres de blanc contre les vieux objets devenus inutiles ou hors d’usage – hors d’âge – qu’il collectionnait. Enfin, la Revue de Comminges a publié [2] une préface de Jean Séguy qui souligne les qualités de la collecte d’éléments linguistiques de Louis Saudinos et souligne leur nécessité pour l’ethnolinguistique.

Enfin, la Revue de Comminges a publié [2] une préface de Jean Séguy qui souligne les remarquables qualités de la collecte d’éléments linguistiques de Louis Saudinos et souligne leur nécessité pour l’ethnolinguistique.

Bibliographie :

[1] : Castex, Jean. 1973. « Un centenaire : Louis Saudinos (1873 – 1962) créateur des collections d’Art populaire du musée de Luchon », Revue de Comminges, volume 86, pp 156-159

[2] : Séguy, Jean. 1956. « Préface à une étude linguistique de M. L. Saudinos », Revue de Comminges, volume 69, pp. 23-24 

[3] : Castex, Jean. SD. « Comprendre, construire, connaître : le dernier compagnon des arts pyrénéens – un portrait et une bibliographie de Louis Saudinos ».

[4] : Musée de Luchon. SD. Les salles Saudinos du musée de Luchon. 75 pages.

Bibliographie de Louis Saudinos

Cette bibliographie est la récollection de deux articles de Jean Castex (op.cit.) et de notre inventaire des documents trouvés au Musée de Luchon le 19 août 2022.

Nota :

Recension

Krüger, Fritz. 1942. « L. Saudinos, L’industrie familiale du lin et du chanvre, S.A. aux Annales de la Fédération Pyrénéenne d’Economie Montagnarde, T. IX (1940-1941), 100-116, Toulouse, Privat, 1942. », Volkstum und kultur der Romanen, Jahrgang XV, Heft. 1-2,‎ p. 339.

« La production domestique de chanvre et de lin est également en plein déclin dans les vallées pyrénéennes. Nous saluons d’autant plus toute contribution individuelle susceptible de nous faire connaître les anciennes formes de cette activité économique. L’exposé de L. Saudinos se base sur les observations que l’auteur a faites dans le Luchonnais. Comme dans l’ouvrage du Comte Begouen (voir ci-dessus), nous trouvons – et c’est compréhensible – de nombreux parallèles avec la présentation de G. Fahrholz. Cette présentation détaillée et agrémentée d’illustrations instructives, qui tient d’ailleurs compte de la terminologie dialectale, contrairement à l’étude du comte Begouen, est une contribution précieuse aux études comparatives ultérieures dans ce domaine. »

Krüger, Fritz. 1963. « Haus und Hausrat der alten Luchonnais. Nach dem wissenschaftlichen Nachlass von W. Schroeder », Innsbrucker Beiträge zur Kulturwissenschaft 9/10 (1963) 255-278.

19 références à Louis Saudinos.

Parmi les éléments collectés par Louis Saudinos, le Musée du Pays de Luchon conserve plusieurs textes, tels que ceux-ci :

 


Wilmes, Rudolf (1894-1955)

De 1929 à 1932, Wilmes passa plus d’un an dans le Haut-Aragón à rassembler des matériaux pour la rédaction de sa thèse de doctorat sur les discours et la culture populaire de la vallée de Vio, alors pas encore dévastée par l’émigration. Une première partie a été publiée en 1937 (Der Hausrat im hocharagonesischen Bauernhause des Valle de Vio, in Volkstum und Kultur der Romanen, vol. 10, 1937, pp. 213-246) et le reste en 1954 (Contribution à la terminologie de la flore et faune pyrénéenne : Valle de Vio [Aragón] dans Hommage à Fritz Krüger, vol. 2, Mendoza, 1954, p. 157-192) puis en 1957 (La culture populaire d’une haute vallée aragonaise [Valle de Vió] in Anales del Instituto de Lingüística de Cuyo, Mendoza, vol. 6, 1957, pp. 149-310).


1983 – L’Epopée perdue de l’occitan : Guillaume d’Orange
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Plusieurs linguistes ont démontré l’existence d’une littérature épique occitane : Claude Fauriel, Gaston Paris, Robert Lafont et notamment pour la Chanson de Roland, Rita Lejeune.

Les travaux de Jean-Claude Dinguirard relatifs à L’épopée perdue de l’Occitan agrègent en faisceaux de nombreux indices qui renforcent la thèse de l’existence d’un prototype occitan de l’épopée de Guillaume d’Orange, au moins pour le nucléus Aliscans-Larchant, antérieur à la seconde moitié du Xe siècle, rédigé en languedocien de l’Aude principalement, voire aussi en occitan du Roussillon.

Parmi ces indices qui empruntent à la linguistique, à la philologie, à l’histoire et à l’ethnographie, à la phonologie, sont abordés les faits démarcatifs du récit qui attestent de l’existence d’un prototype écrit en occitan : l’omniprésence de l’olivier, l’envergure des personnages féminins ou les systèmes successoraux, ainsi que plusieurs démonstrations linguistiques. Sept mots ou expressions y sont étudiés : alcorbitanas, Commarchis, jovens, descunorted, mecresdi, nape, et comebut.

Ce texte alimente entre autres, l’enquête onomastique sur le toponyme « Commarchis » que Jean-Claude Dinguirard attribue à la lecture, par un poète d’oïl, de la forme écrite languedocienne du toponyme gascon « Comminges ». Il aborde à nouveau cette enquête quelques mois avant son décès, lors du colloque de la société française d’onomastique qui s’est tenu à Montpellier du 26 au 28 mai 1983.

Ce texte propose de nouvelles pistes d’investigations dans la quête des littératures d’Oc et plus particulièrement, de Gascogne. Il invite à rouvrir le chantier de la quête des méridionalismes, et ouvre la perspective d’une mentalité pré-indo-européenne réminiscente au sein des peuples des Pyrénées, un thème cher à J.-C. D. que l’on retrouve par exemple, au sujet du serpent galactophage dans son émission radiophonique sur le folklore du serpent.

Cette démonstration ethnolinguistique d’un prototype occitan à l’épopée de Guillaume d’Orange est intégrée, en 2004, aux travaux des historiens : article de G. Brunel-Lobrichon.

Initialement publié dans Via Domitia n°30, cet article de plus de 100 pages est parue en 2020 aux éditions Lambert Lucas.

Dessins de J.-C. Dinguirard
Dessins de J.-C. Dinguirard

Avec cette réédition par Pierre Escudé, nous partageons les espoirs exprimés par Pierre Berges dans son compte-rendu publié à la fois dans folklore (lien ci-après) et, en 1985, dans le n° 105 de la Revue des études cathares, page 91) « La route était longue, la mort est arrivée avant. L’originalité de Dinguirard était grande certes. Mais il m’apparaît qu’elle relevait aussi de quelque chose de collectif, forgé à Toulouse autour de Jean Séguy, de sorte qu’il n’est peut-être pas improbable d’espérer qu’un jour la quête soit reprise… »

L’ouvrage est axé sur la démonstration d’une thèse, longtemps réfutée, qui est l’antériorité du texte occitan dans l’épopée « française ». L’auteur traite de l’ensemble occitan : et l’enquête glisse du domaine audois (languedocien) vers le domaine commingeois (gascon).
Quant à l’illustration de couverture, nous avons été depuis longtemps en contact avec Georges Puchal qui a référencé les plafonds peints de cette maison de Lagrasse, et qui travaille également sur un problème d’identification d’une scène peinte dans un hôtel privé de Montpellier : il s’agit d’une scène d’épopée, probablement issue du cycle de Guillaume.
La réédition de la « thèse » de Jean-Claude Dinguirard permet de relever un coin du voile, lourdement tombé depuis presque deux siècles sur l’origine occitane du cycle époque de Guillaume – et de son père, Aymeric. Cette réédition permet de tresser des liens assez forts entre historiens, ethnolinguistes, linguistes et autres découvreurs.

Nota : l’ouvrage de J.H. GRISWARD cité à la bibliographie de l’article, fait l’objet d’un compte rendu par Jean-Claude Dinguirard disponible ici (voir page 8).

Nota : le manuscrit de l’épopée proposé sur Gallica, titre encore « Guillaume au court nez » au lieu de Guillaume au nez busqué. Avec l’autorisation de la Société de Mythologie Française, que nous remercions, ci-après un article de 1967 par A. Simula, nous rappelle qu’il faut lire Guillaume au nez busqué et non pas au court-nez !

Pour une bibliographie complète autour de L’Epopée de Guillaume d’Orange, voir le très riche site ARLIMA

Références secondaires


1975 – Ethnolinguistique de la haute vallée du Ger, Thèse d’Etat
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Ger-de-Boutx (Le Plan). Crédit photo : Marie-Thérèse VERGARA

Ethnolinguistique de la haute vallée du Ger, Thèse d’Etat soutenue par Jean-Claude Dinguirard, sous la direction du professeur Jean Séguy puis Jacques Allières, à l’université de Toulouse le Mirail. Pierre Bec faisait partie du jury.

Jean-Claude Dinguirard en a rédigé lui-même le résumé, à télécharger ici.

Les questions liées aux noms de maison ou à l’enseignement du gascon comme langue maternelle notamment, qui font l’objet de travaux d’approfondissement publiés par ailleurs.

L’ethnolinguiste Dinguirard, agrégé de lettres modernes, est par ailleurs expert en matière de roman policier populaire. Il cultive le goût pour le spécifique non-seulement dans sa pratique de la discipline qu’il définit en début d’ouvrage, où il se méfie des généralités hâtives, mais également comme régent au sein du Collège de ‘Pataphysique, science des particularités par excellence.

Pour parler de cette thèse, donnons la parole à ceux qui sont le mieux susceptibles de nous en donner un avant-goût savoureux tout en y associant la notoriété de leur signature. Marguerite Gonon, honneur aux dames, commence ainsi son compte-rendu : « C’est un plaisir rare de lire une thèse en gardant le sourire :  rendons-en grâce, de prime abord, au style comme au sujet. ». Nul besoin en effet d’être linguiste ou littéraire, pour goûter aux plaisirs de sa lecture quitte à faire l’impasse sur les passages les plus ardus. Kurt Baldinger précise « Ce que Dinguirard rassemble ensuite dans l’essentiel des faits et textes historico-culturels, économiques, folkloriques et linguistiques de ce « territoire minuscule » [395], c’est-à-dire une vallée montagneuse de quelques kilomètres de long et escarpée à la frontière de l’Ariège, est d’une étonnante variété. »

Méthode. Gonon comme Baldinger, voient dans la méthode de Dinguirard l’empreinte laissée par le maître – Jean Séguy – à qui l’auteur rend un hommage appuyé tout en prenant ses distances et développant ses propres interprétations en diverses occasions. Cette empreinte se remarque en cela que Dinguirard ne néglige aucun fait, aucune source, que tous les éléments ethnographiques accessibles, avec un chapitre spécifiquement consacré à l’histoire, sont collectés et examinés pour éclairer les faits linguistiques. Baldinger précise que l’importance accordée par Dinguirard à une documentation solide relie cette thèse à la démarche de l’école « des « mots et choses » : d’abord les faits en détail, ensuite seulement l’interprétation prudente ; il est contre les généralisations hâtives, les « brumes métaphysiques ». Et de fait, on trouve à la bibliographie de la thèse, des ouvrages méconnus relatifs aux Pyrénées des maîtres de cette école : Krüger, Schröder, Schönthaler, Schmolke, Brelie, Meyer-Lübke, Löffler, voire l’anthropologue-historien-linguiste Julio Caro-Baroja.

Son ethnolinguistique de la haute-vallée du Ger prend ainsi une tournure de scène de vie passée au crible jubilatoire d’une enquête plus descriptive qu’interprétative. La lecture est immersive, on rit de bon cœur avec les formulettes et ethnotextes recueillis, on est ému par les croyances relatives à la faune populaire comme celles relatives aux fées et autres présences de l’invisible qui enveloppent de mystère nos belles Pyrénées.

Apports scientifiques, innovations, découvertes. Gonon et Baldinger soulignent l’apport du lexique cadastral du XVIIe siècle. Baldinger indique en note son intention de reprendre ce lexique dans son dictionnaire onomasiologique de l’ancien gascon (DAG). Baldinger souligne le fait que Dinguirard innove, en abordant la métalinguistique populaire, encore peu étudiée. Il relève également quelques découvertes : Sahorgue < ipsa fabrica dans le cadastre de 1698, aujourd’hui Eth Sahörga avec ILLE supplémentaire [75], ou encore le pouvoir de la tradition et des conventions, dans l’attribution des prénoms et diminutifs. Je voudrais ajouter l’imposant travail, rigoureux et exhaustif, réalisé sur les noms de maison et qui a fait l’objet, avant la thèse, d’un mémoire de maîtrise qui a reçu le prix JISTA en 1963. Enfin, Dinguirard analyse en diachronie l’évolution d’un bilinguisme entre gascon du Couserans et gascon du Comminges, auquel se surajoute plus récemment un bilinguisme gascon-français.

Si Baldinger appelle de ses vœux que cette thèse fasse école, Margueritte Gonon avant lui, conclue ainsi sa lecture : « Outre le plaisir constant qu’on prend à  lire ces pages qui font découvrir un pays très typé, l’adhésion de l’esprit est totale devant la méthode. Il s’agit d’une monographie totale, au meilleur sens  du mot, Et les monographies sont indispensables pour connaître et pour comprendre «  la linguistique ».  C’était une idée chère à la fois à Séguy et à Gardette que la linguistique n’est pas  «  une fin en soi ».  Elle n’est qu’un témoin, mais le plus vivant et le plus indiscutable pour saisir la mentalité des  hommes dans l’espace et dans le temps. M. Dinguirard en a fait une éclatante démonstration. ».

Enfin, J.-L. Fossat souligne le fait que « J.-C. Dinguirard, dans une étude lexicale et dialectale, qui ne néglige pas d’examiner le folklore, établit clairement la relation de covariance entre distance lexicale dans le canton de St Béat et le fait que certains individus de la communauté présentent le trait colporteurs (…) l’orientation commune devrait être la recherche de la détermination d’indices de position sociale des informateurs définis selon les critères classiques de la démographie, de l’histoire et de la géographie humaine. »

Critique

On trouve dans la thèse de Bruno Besche-Commenge, une critique tout à fait fondée : « Ethnolinguistique de la haute vallée du Ger » n’étudie pas le lexique agro-pastoral. Il subsiste pourtant un berger aujourd’hui au Ger (Monsieur Mégardon), et je crois que son père était berger également. L’enquête aurait donc été possible, en théorie au moins : tous les locuteurs ne se prêtent pas au jeu de l’enquête ethnolinguistique. Voici un extrait de cette thèse, qui outre cette critique, souligne un apport de valeur : « l’axe Est/Ouest importe bien plus du point de vue linguistique que l’axe Nord/Sud ».

Principales sources :

FD, le 21 Février 2021 révisé le 02 août 2023.

 

Références secondaires


1983 – Les suffixes en onomastique : Commarchis = Cornebut = Comminges
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Lignage de Guillaume d'Orange
Lignage de Guillaume d’Orange

À propos de la forme Commarchis, nom du domaine de Bovon suite à son mariage avec la fille du roi Eudes de Gascogne, fils d’Aymeri de Narbonne, Jean-Claude Dinguirard propose de reconnaître dans « Commarchis », la « forme francisée de l’adaptation languedocienne d’un nom de lieu gascon (…) la lecture par un poète d’oïl de cette même forme languedocienne du nom Gascon».

« (…) personne ne pourrait nier l’intérêt stratégique du Commarchis-Comminges. J’entends du point de vue narbonocentrique qui, comme l’a bien montré Joël H. Grisward (15), constitue une norme originelle dans le cycle de Guillaume d’Orange : point de vue qui impose de considérer la Gascogne comme un pays étranger (16), contre l’agressivité duquel il convient de se prémunir. Comment le vieil Aymeri de Narbonne y parviendrait-il plus efficacement qu’en régnant sur elle, grâce à l’un de ses fils ? Ou plus exactement – car Bovon n’est que le gendre du roi Yon de Gascogne, et n’accèdera pas immédiatement au trône – en rendant ce fils maître d’un glacis propre à s’interposer entre la plus sauvage Gascogne et la province de Narbonne ? Or – et c’est là que l’évidence géographique rejoint la vraisemblance linguistique – un tel glacis ne peut être constitué que par le Comminges : mais un Comminges, il faut le souligner, qui n’aurait pas encore été amputé de son annexe couseranaise, puisque c’est elle, proprement, qui fait la frontière avec les terres languedociennes.
Ceci nous ramène avant l’an mille, et cette haute date rend inacceptable l’exigence, que certains pourraient avoir, d’une attestation d’occitan *Commarques et non de français Commargis. En effet l’occitan d’avant l’an mille n’est guère documenté, et il est à peu près vain d’espérer rencontrer une forme aussi dialectale que *Comergues ’Comminges’ ! »

« Les remanieurs français, au talent de qui l’on doit le succès européen de la geste de Guillaume, ont traduit une épopée occitane qui, dès le Xlle siècle, était déjà complètement oubliée dans son pays d’origine. »

Cornebut proviendrait de la collusion de deux vers : fiz Boeve (de) Commarchis / Nebut al marchis.

Pour citer cet article proposé ici avec l’aimable autorisation de la Société française d’onomastique :

« Les suffixes en onomastique, Actes du Colloque de Montpellier (26-28 mai 1983, Université Paul Valéry, Montpellier III – Société française d’onomastique, sous la présidence de M. Jacques CHAURAND), publiés par Paul FABRE, Édition du Centre d’études occitanes, Montpellier 1985. »

Une version ressaisie par un profane est proposée ci-après, en complément de l’original qui seul fait foi. et qu’on trouve désormais sur l’indispensable Persée.

Nota : l’ouvrage de J.H. GRISWARD cité à la bibliographie de l’article, fait l’objet d’un compte rendu par Jean-Claude Dinguirard disponible ici (voir page 8).

 

Références secondaires


1981 – Une lecture de Marcabru – au ras des mots
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1981, J.-C. Dinguirard, Une lecture de Marcabru, Via Domitia 26 – on trouvera dans cette étude :

1. Du bon usage du contre-sens (avec une référence à Pour une sémantique du silence, 1980)

La traduction de Marcabru par le Docteur Dejeanne est ici corrigée et son auteur vertement repris, pour sa « courte vue linguistique » et son « manque d’intérêt (…) pour la culture médiévale et occitane » tout en lui reconnaissant le mérite d’avoir publié Marcabru intact.

2. Marcabru, y-es-tu ?

L’auteur enquête sur les indices permettant d’identifier Marcabru ou son entourage. Il propose l’identification d’Audric d’Auvillar, et fait naître Marcabru à l’occident de l’actuel département du Gers.

3. Perpaus deu Gascon

L’enquête se poursuit sur le plan linguistique, et circonscrit plus précisément le lieu de naissance de Marcabru : entre Pagus Aturensis et Pagus Armaniacus.

4. Vers del Lavador, VI

Où l’auteur traduit Crup-en-cami par matous au coin du feu, ce que validera ailleurs André SOUTOU. Il interroge aussi le mot folpidor.

5. En lisant la pastourelle

L’auteur nous distille ici un de ses décryptages de certains vers de la pastourelle, riche de sa culture gasconne propre et de son érudition parémiologique.

6. La structure des rimes dans la pièce II

L’auteur fait crédit à Marcabru, d’être un versificateur rigoureux : en rétablissant la structure des rimes, il identifie et corrige des erreurs de transcription et de traduction.

Lire

On pourra lire aussi : Lejeune Rita. Pour le commentaire du troubadour Marcabru : une allusion à Waïfre, roi d’Aquitaine . In: Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, Tome 76, N°68-69, 1964. pp. 363-370.

 

 

 

 

Références secondaires


1981 – Marrababelio Riben
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Marrababelio Riben
Marrababelio Riben

Une proposition iconoclaste pour expliquer le mystérieux couplet de Guillaume IX d’Aquitaine :

Tarrababart
Marrababelio riben
Saramahart.

 

 

 

 

 

 

 


1983 – Glanées, Via Domitia n° 30
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          • Vales Islonde (Chanson de Roland 2331) = Vales, Islonde (Galles, Irlande) ;
          • Manchac (biographie du troubadour Savaric de Malleo) = Magnoac ;
          • Un gasconisme méconnu : gadget < gàdje « outil, ustensile », en Haute-Bigorre », attesté par le dictionnaire de Simin Palay

Glanées, Via Domitia n° 30, pp. 149-150.

 

 

 


1970-1975 – Identités : démarcations linguistiques et rattachement administratif

Abbé Théobald LALANNE
Abbé Théobald LALANNE

Ressources audio qui illustrent les éléments constitutifs du sentiment d’identité des habitants du Ger. Une identité inclusive, puisque on fréquente voire se marie avec « alter ». Une identité plurielle, constituée d’éléments de démarcation et d’éléments communs, de faits linguistiques – phonologie et lexique donnant lieu à divers calembours et traits d’humour – comme d’enjeux économiques liés notamment à l’exploitation forestière, ou de rattachement administratif.

Sont également proposés ici sous le titre « Wörter und sachen« , une collection d’enregistrements de locuteurs habitant Ger-de-Boutx : les descriptions qu’ils procurent de leur lexique familier, phonologie comprise, sont autant d’éléments constitutifs de leur communauté langagière.

 

 

Les batailles de la haute vallée du Ger

Blessejar ou le fait de prononcer SH les S / ç

Différences entre patois de la haute vallée du Ger

Le double N - Nati et Vati tot es parenti

30sub Nati et Vati

Différences entre patois voisins - la pelle à feu etc.

Patois, différentes prononciations

Patois, mariage et métissage

Patois, les surnoms patronymiques

Patois, différenciation lexique onomastique phonologie

52 Les uns disent des autres (en gascon)

Enquête en démarcation géographique, procès avorté.

Cartographie linguistique et démarcation du patois de l'Ariège

Démarcation géog. et affinités électives

28 Spécificités du patois du Soulegna

30 Différences entre patois

28 Différences entre patois

Patois, différenciation lexique onomastique phonologie

Patois, différentes prononciations

Différences entre patois voisins - la pelle à feu etc.

Différences entre patois voisins - Venir etc

Jou vs Jo

Détresse de rattachement administratif 2

Détresse de rattachement administratif 1

31 Explic. diff. patois Couserans Comminges par l'influence des eveques Pamiers St B de C

Jurons commingeois de Ger de Boutx

Wôrter und sachen bols, lait et couteaux

Wôrter und sachen et procédés artisanaux - Baratte, bidon de lait, mastic étanche

Wörter und Sachen - Cuisine et fromage

Wörter und Sachen - Autour de la cheminée

Wörter und Sachen - Autour de la cheminée

Wörter und Sachen - la maison (suite)

Wörter und sachen autour du saucisson

Wörter und Sachen - Ger de Boutx - Thème de la maison

Wörter und Sachen - Ger de Boutx - Thème du grenier à foin

Wörter und Sachen - Ger de Boutx - Thème de la maison (suite)

Patois, Wörter und Sachen 1

Patois, Wörter und Sachen 2

Patois, Wörter und Sachen 3

Wörter und Sachen 4 - Alphonse XIII


1982 – Notes aquitaines
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Convenae et Couserans, Raymond LIZOP
Convenae et Couserans, Raymond LIZOP

Notes aquitaines. Via Domitia n° 27, pp. 55-70

Au sommaire de cet article :

1- Virgile de Toulouse et l’état linguistique de l’Aquitaine au VI° siècle
2- Le nom Comminges < Convenae et la phonologie de la langue des aquitains
3- Des basques au Val d’Aran ?

Résumé en version française plus bas, ici en occitan.

Convenae

Per jutjar de l’autenticitat de la forma latina CONVENAE, lo punt decisiu es dins los grops –nv- vs –mb-, saber se son tractats identicament o pas. Jean-Pierre Chambon e Yan Greub considèran que la confusion de –v- e de –b- (lo “betacisme” gascon) es precòça (Chambon & Greub 2002 p. 480) en s’apiejant justament sus las formas CONBENAS / COMBENAS portadas per de monedas merovingianas, qu’atestarián d’un passatge de v a b al sègle 6. E la forma CUMMONIGO d’una moneda del sègle 7 mostrariá que –mb- segondari (çò es eissit de –nv-) es tractat coma –mb- primari.

Lo lexic general del gascon suggerís lo contrari, çò es a saber que lo grop –nv- latin es tractat diferentament del grop –mb- ancian. Aital COMBA dona ben “coma”, e CAMBA dona “cama”, mas “invidia” dona “enveja” [embˈejo] (present tanben en toponimia) …Coneissi pas de formas gasconas del tipe *[emˈejo] ni “*comidar” per “convidar” o « *emèrs » per « envèrs »etc.

Lo lexic general del gascon suggerís doncas puslèu que lo betacisme es posterior a la reduccion de « mb » a « m » … e doncas relativement recent. Carolingian benlèu. Almens dins l’èst gascon (ont es pas generalizat : s’aplica pas entre vocalas « lavar » [lawˈa] e pas [labˈa] coma en Bearn, e mai qualque còp s’aplica pas après consonanta « mauva » < MALVA se pronóncia [mawwo] dins de punts ALF de Gerç, Òut e Garona e Tarn e Garona) .

Invèrsament, l’idèa d’un betacisme (relativament) recent plaideja per considerar que CONVENAE es una aproximacion/interpretacion latina coma o pausava Jean-Claude Dinguirard e que la forma reala èra COMBENAE. Explica dirèctament las notacions merovingianas ancianas qu’an –b-, e explica mai lo tractament per simplificacion –mb > -m- coma dins CUMBA > “comba”… e non pas la conservacion coma dins INVIDIA > “enveja”. E explica doncas perqué avèm “Comenge” e non pas “*Convenge”).

CHAMBON Jean-Pierre et Yan GREUB 2002 Note sur l’Age du (proto)gascon. Revue de lingüistique romane 263-64, 473-49

ALF = Jules Gilliéron et Edmond Edmont 1902-1920 Atlas Linguistique de la France, Macon: Protat.

Pour accepter ou non l’authenticité de la forma latine CONVENAE,  le point décisif se trouve dans le traitement des groupes –nv- vs –mb-. Il s’agit de savoir s’ils sont traités identiquement ou pas. Jean-Pierre Chambon et Yan Greub considèrent que la confusion de –v- e de –b- (le fameux “bétacisme” gascon) est précoce (Chambon & Greub 2002 p. 480). Il s’appuient pour cela justement sur les formes CONBENAS / COMBENAS que portent des monnaies mérovingiennes, et qui attesteraient d’un passage de v à b au 6e siècle. Ils s’appuient aussi sur la forme CUMMONIGO qu’on lit sur une monnaie du 7e et qui montrerait elle que –mb- secondaire (c’est-à-dire issu de –nv-) est traité comme –mb- primari.

Le lexique général du gascon suggère le contraire, à savoir que lo grop –nv- latin es traité différemment du groupe –mb- ancien. Ainsi CUMBA donne bien “coma” ‘vallon’, et CAMBA “cama” ‘jambe, mais INVIDIA donne “enveja” [embˈejo] ‘envie’ (présent aussi en toponymie) … Je ne connais pas de formes gasconnes du type *[emˈejo] ni “*comidar” pour “convidar” ‘inviter’ ou « *emèrs » pour « envèrs » ‘inverse, contraire’ etc.

Le lexique général du gascon suggère donc plutôt que le bétacisme est posterieur à la réduction de « mb » a « m » … et de ce fait relativement récent. Carolingien peutèêtre. Du moins dans l’est gascon (où il n’est pas généralisé : il ne s’applique pas entre voyelles « lavar » ‘laver’ est [lawˈa] et non [laβˈa] coma en Bearn, et même parfois non plus après consonne : « mauva » ‘mauve’ < MALVA se prononce [mˈawwo] dans quelques points ALF du Gers, du Lot-et-Garonne et du Tarn-et-Garonne.

Inversement, l’idée d’un bétacisme (relativement) récent plaide pour considérer que CONVENAE est bien une approximation/interprétation latine pour COMBENAE comme le posait Jean-Claude Dinguirard et que la forme réelle était COMBENAE. Cette hypothèse explique directement les notations merovingiennes anciennes qui ont –b-, ainsi que le traitement par simplification –mb > -m- coma dins CUMBA > “comba”… au lieu de la conservation suivie de bétacisme comme dins INVIDIA > “enveja”. Cela explique donc que jous avons une forme  “Comenge” ‘Comminges’ et non pas “*Convenge”).

Références

CHAMBON Jean-Pierre et Yan GREUB 2002 Note sur l’Age du (proto)gascon. Revue de lingüistique romane 263-64, 473-495.

Patrick SAUZET, linguiste Occitan

 

Note de l’éditeur : L’auteur nous révèle en marge de cet article de fond, quelques éléments fondateurs de sa manière de travailler :  « Une fois de plus, il convient sans doute d’humilier la linguistique aux faits » (p. 62) qui nous renvoie à l’ars difficilima nesciendi cher aux disciples de Jean Séguy et « (…) par le langage, on se fait déjà une idée de l’homme. On ne sort jamais de l’ethnolinguistique… ».

Références secondaires



1983 – Étymologie du mot « Gadget », un emprunt de la langue britannique au gascon de Haute-Bigorre
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Simin Palay
Simin Palay

« Un gasconisme méconnu. Le dernier volume du Trésor de la Langue Française aura considérablement déçu le patriotisme local, dans nos régions, en méconnaissant les lointaines, mais pourtant évidentes origines gasconnes de l’anglicisme gadget : sur la foi du Petit Robert peut-être, mais en tout cas sans l’ombre d’une vraisemblance, on l’y ramène au français gâchette ! »

Extrait du Trésor de la Langue Française :

GADGET, subst. masc.
A.  Petit objet qui plaît plus par sa nouveauté et son originalité que par son utilité. Le gadget c’est le truc, le machin, le bidule : un objet qui ne vise à aucune recherche esthétique, qui ne prétend à nul service, qui ne sert à rien ou dont la fonction est si futile qu’on devine bien que sa création n’a pas été dictée par un besoin (Le Monde, 10 avr. 1966 ds GILB. 1971).
B.  P. ext. Solution miracle. Aucun gadget ne sera suffisant pour freiner le développement du chômage si nous ne soignons pas en même temps les conséquences apparentes et la cause du mal (L’Express, 24 avr. 1967 ds GILB. 1971).
Rem. Gadget peut servir de deuxième élément de subst. composé. Avion-gadget, robe-gadget (cf. GILB. 1971).
Prononc. : []. Étymol. et Hist. 1955 (Ch. Bruneau in Le Figaro litt., in Chroniques lang., I, 130 ds QUEM. DDL t. 4); 1962 des gadgets de luxe (L’Express, no 598, 44, ibid.). Angl. gadget « id. » attesté dep. 1886 (ds NED Suppl.) en usage dep. prob. 1870; d’orig. incertaine, peut-être à rapprocher du fr. gâchette*. Bbg. Gadgétomanie (La). Actual. terminol. 1975, t. 8, no 3, pp. 1-2. – GIRAUD (J.), PAMART (P.), RIVERAIN (J.) Mots ds le vent. Vie Lang. 1970, pp. 50-51.

« Je rappelle que les terres gasconnes, longtemps restées britanniques, ont enrichi l’anglais d’un petit contingent de mots. Pour celui qui nous occupe, il suffisait de consulter le dictionnaire de Simin Palay pour y trouver « gàdje (…) outil, ustensile, en Hts-Big. » (…) personne sans grande valeur. »

Gàdje-Simin-Palay
Gàdje-Simin-Palay p. 40 / 677

Jean-Claude Dinguirard. Via Domitia n° 30, 1983.

 


1981 – L’adjectif Panal : l’énigme persiste
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 Le Hall du Livre NANCY Les plus anciennes chartes en langue provençale ; recueil des pièces originales antérieures au XIII siècle

Les plus anciennes chartes en langue provençale ; recueil des pièces originales antérieures au XIII siècle. Cl. BRUNEL

Articles jumelés de André Soutou et Jean-Claude Dinguirard, sur l’unique trace écrite de « panal » comme adjectif.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


1981 – Gargantua, entre les Celtes et Lefranc
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Mme Gargantua par Daumier
Mme Gargantua par Daumier

1980, J.-C. Dinguirard, Gargantua entre les Celtes et Lefranc, Via Domitia 23.

L’auteur mène ici une enquête littéraire et linguistique sur les origines de Gargantua et ses liens avec les traditions populaires. Il montre qu’une pluralité de chroniques gargantuines ont précédé les Grandes et inestimables cronicques, qui n’est probablement pas l’édition originale, mais une édition revue et augmentée qui par inadvertance conserve la table des matières d’une édition antérieure puisqu’elle ne lui correspond pas.

L’auteur souligne ensuite le fait que les chroniques gargantuines se rattachent fort explicitement, par Merlin et par Artus, à la matière de Bretagne sans pour autant que celle-ci fasse apparemment état de Gargantua. Toutefois, il peut ne s’agir que d’un pur artefact de littérateur, comme cela s’est observé ailleurs.

L’auteur nous livre une analyse linguistique du nom « Gargantua », un nom d’origine occitane et qui n’a pu naître que dans une région où l’amuïssement de -t fut précoce : la Provence.

L’auteur enfin salue les travaux de la Société de Mythologie française, notamment ceux de H. Dontenville et du professeur Henri FROMAGE , qui ont mis au jour dans le légendaire gargantuin la présence d’une sorte de palimpseste rousselien grâce aux syllabes obsédantes Moul- et Borb- que l’on retrouve dans le nom même de Mulat-Barbe : le Gargantua de H. Dontenville se superposent tout à fait au Mulat-Barbe gédrois (et à Millaris, de Lesponne).

Si l’auteur conclue à l’improbable celtité de Gargantua mais se réjouir de l’existence de cette hypothèse, puisque « Métamythiquement parlant, la prolifération du sens est signe de vie et preuve de santé ».

Quelques liens et documents d’intérêt :

Parmi les références bibliographiques de cet article :

 

« Rabelais est-il mort ? Voicy encore un livre.

Non, sa meilleure part a repris ses esprits,

Pour nous faire présent de l’un de ses escrits

Qui le rend entre tous immortel et fait vivre.

Nature Quite »

Références secondaires



1979 – Galoureau
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Étymologie de « Galoureau », avec Sorel et Béroalde de Verville.

 

 

 

 

 



1974. FOSSAT, J.-L. Contribution à l’étude de l’expression du vent d’Autan en domaine linguistique occitan
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Pour un linguiste réaliste de l’école toulousaine de dialectologie, l’analyse du signifié Autan passe par la méthode de la géographie linguistique : lecture de cartes où figure le signifiant Autan. Sur les tables de dépouillement des faits linguistiques est pratiquée une série de mesures qui ont pour objectif d’apprécier la distance linguistique qui sépare les unités ponctuelles des cartes linguistiques où figure le signifiant-signifié Autan: typologie des bases lexicales (c’est-à-dire état des faits linguistiques bruts) — typologie sémantique, car le signifiant-signifié Autan n’est pas univoque.
Cette analyse est pratiquée sur la base des données des Atlas linguistiques de la Gascogne, du Massif Central et du Lyonnais; ainsi que sur des sondages opérés dans Y Atias linguistique du languedocien occidental, en cours d’élaboration.

Dans sa conclusion, l’auteur réaffirme par une référence implicite à l’Ars difficillimma nesciendi son allégeance à l’école de dialectologie toulousaine fondée par Jean Séguy : « Certaines de ces formations ne sont pas d’interprétation facile : pourquoi Autan blanc ~ noir? Pourquoi Autan mâle? Pourquoi le masculin Autan est-il devenu féminin — à condition que le problème se pose en ces termes? Les virtuoses ne manquent pas pour répondre à ces questions; mais là n’est pas pour nous le problème; car pour nous, ce qui compte, ce n’est pas l’inutile et nuisible virtuosité, mais les opérations manuelles sur ce que dit, dans sa langue vivante, le peuple occitan. »


Extrait des annales de Couledoux et de Ger de Boutx, du XVe siècle à nos jours

« Origine du mot Couledoux et de la paroisse »

 

« Couledoux est entouré de 9 montagnes. Il a une altitude moyenne de 900 mètres, possède des maisons par-ci par-là groupées autour de la montagne de Bazet. Le village reçut son nom, dit une légende, d’une dame épouse d’un intendant de Colbert envoyé ici pour exploiter les forêts de sapins devant servir à la construction des navires. Le délégué royal alla s’installer au quartier du Palan du Rey et donna son nom au hameau qui fait partie de la commune de Melles. Le lacus, un de nos hameaux les plus considérables, reçut son nom des travaux de l’intendant de Colbert, comme il n’y avait pas de route pour transporter les bois et que le Ger n’était pas flottable, on arrêta les eaux au moyen d’un barrage dont les montants en maçonnerie existent encore et qu’on appelle « La Récluse ». Un lac était ainsi formé. On ouvrait les écluses et les sapins se précipitaient dans le lit du ruisseau et la première expédition qui se fit dans ces futurs mats de navires, la dame de l’intendant de Colbert s’écria en voyant les bois descendre le torrent : « Oh ! Que ça coule doux ». Origine dit-on du nom de Couledoux.

Couledoux fut donc habité pendant le siècle de Louis XIV, mais les chemins qui y conduisent sont de création récente. Le premier partant du Pont de l’Oule ne date que de 1868 et il n’y a que trois ans qu’on a établi les routes permettant de circuler dans les divers quartiers. En 1929 il a été procédé à un élargissement de la route d’arrivée, depuis le pont de l’Oule jusqu’au Lacus. Le nouveau tracé en face du quartier de Labe(…)e est d’accès plus facile mais il est regrettable que cette construction aie fait disparaitre le puits du Ger ou lac bleu, qui faisait l’admiration des touristes. Au point de vue religieux, la paroisse est restée très longtemps une paroisse annexe de Portet-d’Aspet et faisait partie du Diocèse de Couserans, dont les évêques avaient leur siège à St Lizier (sic !) près de St Girons. Couledoux était desservi par le vicaire de Portet. Nous ne possédons leur registre décrivant les actes de baptême, mariage, décès, que depuis 1700. 24 vicaires de Portet ont exercé le saint-mystère à Couledoux de 1700 à 1790. C’est Jean-Baptiste Marquié de Cussol, Seigneur de Roquefort, qui en sa qualité de lieutenant de Pamiers fournit les papiers marqués à Couledoux. Le dernier vicaire de Portet chargé du service de Couledoux, le sieur Caubet, ne signe aux registres que jusqu’au 25 décembre 1793 en qualité d’officier public. Les actes sont alors purement civils. Pas de mention d’état religieux. M. Caubet est devenu membre du conseil général de Couledoux, canton d’Aspet ; auparavant il avait signé ses actes comme vicaire du 15 août 1791 au 16 décembre 1792 en qualité d’officier public. En 1794, an III de la République, et en l’an VI de la même République, ce sont les citoyens de Couledoux qui signent les actes d’état civil, ce qui laisse croire que le service religieux y fut longtemps suspendu. On ne retrouve les actes religieux qu’en 1807, époque où Couledoux est érigé en succursale. Le premier curé de la succursale est l’abbé Gouarré, né à Ger de Boutx. Il reste 9 ans à Coulédoux et alla mourir à Milhas dont il était devenu le passeur. A l’abbé Gouarré succéda un prêtre d’origine espagnole, l’abbé Encointre, qui fut précisément curé de Razecueillé et resta 46 ans à Couledoux. Les traditions religieuses y furent implantées fortement. Ainsi, il n’y a jamais de vêpres dans cette paroisse. Tous les curés qui ont succédé à l’abbé Encointre, ont vraiment tenté d’y établir les offices du soir. Il est vrai que la situation topographique de la commune ne permet d’agir autrement. Aussi pour les grandes fêtes, se contente t’on du Rosaire avec salut du saint sacrement, comme en Espagne. La foi existe dans cette paroisse et se manifeste surtout par le culte des morts et la dévotion à Sainte Germaine. Puissent nos populations conserver intacte la croyance à l’immortalité de l’âme manifestée à Couledoux par les nombreux cierges allumés sur la tombe des défunts.

Colbert, ministre de louis XIV fit défricher le bassin du Ger. La première maison de Couledoux avait été bâtie par un déserteur de Landorthe sur un pic élevé, lieu choisi d’où il pouvait découvrir au loin la maréchaussée de France venant pour l’arrêter. Quel est ce pic ? Il serait curieux de le connaitre. La chose est assez difficile car Couledoux possède beaucoup de pics. Cependant, nous avons des raisons de croire que c’est le « Mount (…)Ner  » qui surplombe le pont de l’Oule et permet de s’étendre au loin vers Sengouagnet et Aspet.

La première église fut construite en 1687 et restaurée en 1771, puis rebâtie à neuf en 1879 d’un style romain très pur avec superbes vitraux et cloches d’une sonorité remarquable. L’église actuelle de Couledoux est une des plus belles du canton d’Aspet. Cette église risque de perdre sa bonne renommée car sa toiture ayant été négligée, elle a subi les ravages du mauvais temps.

Les habitants de Couledoux se marient très rarement avec des étrangers. Aussi, quand la chose se produit comme en 1907 lors du mariage d’Emile Castex avec Alexine ( ?) Maylin, c’est un évènement pour le pays. A cette occasion le curé desservant fit des vœux pour que le dicton très en honneur dans le village « a natis et bâtis qu’en toutes parentes » subisse des modifications. (…) Le même desservant signalait l’abus du trop grand intervalle entre l’union civile et le mariage religieux mais il se réjouissait en même temps de voir cet abus peu à peu disparaitre.

A une petite demi-heure de Couledoux se trouve un petit hameau coquettement assis dans un petit nid de verdure et couronné par une forêt de sapins. C’est le Ger, peuplé de 75 habitants, section communale de Boutx dont il est éloigné par un chemin de 9 heures. C’est un vrai site de la Suisse. Au point de vue religieux, le Ger de Boutx est rattaché à l’église de Couledoux depuis 1888. Jusqu’alors, de nombreux vicaires l’avaient desservie. Les mœurs, les pratiques religieuses, le caractère des gens, le langage, les traditions de famille n’ont rien en commun entre les deux villages. Le petit torrent du Ger creuse l’immense fossé entre les deux localités. Un seul prêtre est né à Couledoux, l’abbé Megardon, qui fut curé de Melles et nommé curé d’Arnaud-Guilhem vers 1872. 6 prêtres sont sortis de Ger de Boutx. La famille Mothe, dit Hilhine, en a donné 3 à l’Eglise. Le premier était le chanoine de st Bertrand de Comminges en 1633. Il s’appelait Pierre. Le second, nommé Paul, fut professeur de théologie au collège de la mission à Toulouse, puis curé de Sengouagnet et de Boutx. Pendant la Révolution, il courut le risque d’être fusillé en se promenant au Col de Mente. Deux chasseurs de St Béat l’avaient pris pour cible, mais l’un d’eux, ancien élève de Paul Mothe, le reconnut et ne tira pas. L’ancien professeur de théologie devient précepteur en Espagne, où il s’expatria jusqu’à la signature du Concordat. Rentré en France, il voulut desservir la petite section de Boutx et vivre tranquille au milieu des siens, bien que le Cardinal de Clermont-Tonnerre lui eut offert un doyenné. Il mourut au Ger le 4 avril 1855 à l’âge de 92 ans. Le 3ème abbé, Mothe Célestin, a été curé de Couledoux pendant 14 ans. Il est décédé curé à Payssous, à l’âge de 40 ans le 2 février 1904.

La famille Gouarré a aussi fourni 2 prêtres. L’un fut vicaire à Gratens, de 1720 à 1756 et mourut là. Le 2ème appartenant à la famille Gouarré, s’exila avec l’abbé Mothe en Espagne. Quand le calme fut rétabli, il rentra en France lui aussi et exerça le saint ministère à Coulédoux, de 1807 à 1816. Il mourut curé de Milhas à l’âge de 80 ans. Le 6eme naquit de la famille Noguès, au quartier de l’Espounille, chez Pey de Bon. Il avait nom Martyr, curé de Juzet de Luchon. Il fit rebâtir l’église de cette paroisse avec les secours que lui donna l’Impératrice. Il prit sa retraite au Ger où il mourut le 20 septembre 1883 à 79 ans. Il désira être enterré sur le passage menant à l’église sans aucun signe distinctif, voulant après sa mort être foulé au pied par les passants.

Le 18 février 1913, par un temps neigeux, eurent lieux à Ger de Boutx les obsèques de Célestin Megardon, décédé à l’hôpital militaire de Toulouse à l’âge de 21 ans. Né d’une famille honorable et chrétienne, il fut toujours un fils droit, aimant et respectueux. On part le donner comme modèle aux jeunes gens. Chrétien éclairé et convaincu, il savait élever les conversations auxquelles il prenait part. Il ne craignait pas à l’occasion de montrer sa foi (…) à la sonnerie du Sanctus, il savait interrompre son travail, se découvrir et s’unir au sacrifice de la messe. »