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Extrait des annales de Couledoux et de Ger de Boutx, du XVe siècle à nos jours

« Origine du mot Couledoux et de la paroisse »

 

« Couledoux est entouré de 9 montagnes. Il a une altitude moyenne de 900 mètres, possède des maisons par-ci par-là groupées autour de la montagne de Bazet. Le village reçut son nom, dit une légende, d’une dame épouse d’un intendant de Colbert envoyé ici pour exploiter les forêts de sapins devant servir à la construction des navires. Le délégué royal alla s’installer au quartier du Palan du Rey et donna son nom au hameau qui fait partie de la commune de Melles. Le lacus, un de nos hameaux les plus considérables, reçut son nom des travaux de l’intendant de Colbert, comme il n’y avait pas de route pour transporter les bois et que le Ger n’était pas flottable, on arrêta les eaux au moyen d’un barrage dont les montants en maçonnerie existent encore et qu’on appelle « La Récluse ». Un lac était ainsi formé. On ouvrait les écluses et les sapins se précipitaient dans le lit du ruisseau et la première expédition qui se fit dans ces futurs mats de navires, la dame de l’intendant de Colbert s’écria en voyant les bois descendre le torrent : « Oh ! Que ça coule doux ». Origine dit-on du nom de Couledoux.

Couledoux fut donc habité pendant le siècle de Louis XIV, mais les chemins qui y conduisent sont de création récente. Le premier partant du Pont de l’Oule ne date que de 1868 et il n’y a que trois ans qu’on a établi les routes permettant de circuler dans les divers quartiers. En 1929 il a été procédé à un élargissement de la route d’arrivée, depuis le pont de l’Oule jusqu’au Lacus. Le nouveau tracé en face du quartier de Labe(…)e est d’accès plus facile mais il est regrettable que cette construction aie fait disparaitre le puits du Ger ou lac bleu, qui faisait l’admiration des touristes. Au point de vue religieux, la paroisse est restée très longtemps une paroisse annexe de Portet-d’Aspet et faisait partie du Diocèse de Couserans, dont les évêques avaient leur siège à St Lizier (sic !) près de St Girons. Couledoux était desservi par le vicaire de Portet. Nous ne possédons leur registre décrivant les actes de baptême, mariage, décès, que depuis 1700. 24 vicaires de Portet ont exercé le saint-mystère à Couledoux de 1700 à 1790. C’est Jean-Baptiste Marquié de Cussol, Seigneur de Roquefort, qui en sa qualité de lieutenant de Pamiers fournit les papiers marqués à Couledoux. Le dernier vicaire de Portet chargé du service de Couledoux, le sieur Caubet, ne signe aux registres que jusqu’au 25 décembre 1793 en qualité d’officier public. Les actes sont alors purement civils. Pas de mention d’état religieux. M. Caubet est devenu membre du conseil général de Couledoux, canton d’Aspet ; auparavant il avait signé ses actes comme vicaire du 15 août 1791 au 16 décembre 1792 en qualité d’officier public. En 1794, an III de la République, et en l’an VI de la même République, ce sont les citoyens de Couledoux qui signent les actes d’état civil, ce qui laisse croire que le service religieux y fut longtemps suspendu. On ne retrouve les actes religieux qu’en 1807, époque où Couledoux est érigé en succursale. Le premier curé de la succursale est l’abbé Gouarré, né à Ger de Boutx. Il reste 9 ans à Coulédoux et alla mourir à Milhas dont il était devenu le passeur. A l’abbé Gouarré succéda un prêtre d’origine espagnole, l’abbé Encointre, qui fut précisément curé de Razecueillé et resta 46 ans à Couledoux. Les traditions religieuses y furent implantées fortement. Ainsi, il n’y a jamais de vêpres dans cette paroisse. Tous les curés qui ont succédé à l’abbé Encointre, ont vraiment tenté d’y établir les offices du soir. Il est vrai que la situation topographique de la commune ne permet d’agir autrement. Aussi pour les grandes fêtes, se contente t’on du Rosaire avec salut du saint sacrement, comme en Espagne. La foi existe dans cette paroisse et se manifeste surtout par le culte des morts et la dévotion à Sainte Germaine. Puissent nos populations conserver intacte la croyance à l’immortalité de l’âme manifestée à Couledoux par les nombreux cierges allumés sur la tombe des défunts.

Colbert, ministre de louis XIV fit défricher le bassin du Ger. La première maison de Couledoux avait été bâtie par un déserteur de Landorthe sur un pic élevé, lieu choisi d’où il pouvait découvrir au loin la maréchaussée de France venant pour l’arrêter. Quel est ce pic ? Il serait curieux de le connaitre. La chose est assez difficile car Couledoux possède beaucoup de pics. Cependant, nous avons des raisons de croire que c’est le « Mount (…)Ner  » qui surplombe le pont de l’Oule et permet de s’étendre au loin vers Sengouagnet et Aspet.

La première église fut construite en 1687 et restaurée en 1771, puis rebâtie à neuf en 1879 d’un style romain très pur avec superbes vitraux et cloches d’une sonorité remarquable. L’église actuelle de Couledoux est une des plus belles du canton d’Aspet. Cette église risque de perdre sa bonne renommée car sa toiture ayant été négligée, elle a subi les ravages du mauvais temps.

Les habitants de Couledoux se marient très rarement avec des étrangers. Aussi, quand la chose se produit comme en 1907 lors du mariage d’Emile Castex avec Alexine ( ?) Maylin, c’est un évènement pour le pays. A cette occasion le curé desservant fit des vœux pour que le dicton très en honneur dans le village « a natis et bâtis qu’en toutes parentes » subisse des modifications. (…) Le même desservant signalait l’abus du trop grand intervalle entre l’union civile et le mariage religieux mais il se réjouissait en même temps de voir cet abus peu à peu disparaitre.

A une petite demi-heure de Couledoux se trouve un petit hameau coquettement assis dans un petit nid de verdure et couronné par une forêt de sapins. C’est le Ger, peuplé de 75 habitants, section communale de Boutx dont il est éloigné par un chemin de 9 heures. C’est un vrai site de la Suisse. Au point de vue religieux, le Ger de Boutx est rattaché à l’église de Couledoux depuis 1888. Jusqu’alors, de nombreux vicaires l’avaient desservie. Les mœurs, les pratiques religieuses, le caractère des gens, le langage, les traditions de famille n’ont rien en commun entre les deux villages. Le petit torrent du Ger creuse l’immense fossé entre les deux localités. Un seul prêtre est né à Couledoux, l’abbé Megardon, qui fut curé de Melles et nommé curé d’Arnaud-Guilhem vers 1872. 6 prêtres sont sortis de Ger de Boutx. La famille Mothe, dit Hilhine, en a donné 3 à l’Eglise. Le premier était le chanoine de st Bertrand de Comminges en 1633. Il s’appelait Pierre. Le second, nommé Paul, fut professeur de théologie au collège de la mission à Toulouse, puis curé de Sengouagnet et de Boutx. Pendant la Révolution, il courut le risque d’être fusillé en se promenant au Col de Mente. Deux chasseurs de St Béat l’avaient pris pour cible, mais l’un d’eux, ancien élève de Paul Mothe, le reconnut et ne tira pas. L’ancien professeur de théologie devient précepteur en Espagne, où il s’expatria jusqu’à la signature du Concordat. Rentré en France, il voulut desservir la petite section de Boutx et vivre tranquille au milieu des siens, bien que le Cardinal de Clermont-Tonnerre lui eut offert un doyenné. Il mourut au Ger le 4 avril 1855 à l’âge de 92 ans. Le 3ème abbé, Mothe Célestin, a été curé de Couledoux pendant 14 ans. Il est décédé curé à Payssous, à l’âge de 40 ans le 2 février 1904.

La famille Gouarré a aussi fourni 2 prêtres. L’un fut vicaire à Gratens, de 1720 à 1756 et mourut là. Le 2ème appartenant à la famille Gouarré, s’exila avec l’abbé Mothe en Espagne. Quand le calme fut rétabli, il rentra en France lui aussi et exerça le saint ministère à Coulédoux, de 1807 à 1816. Il mourut curé de Milhas à l’âge de 80 ans. Le 6eme naquit de la famille Noguès, au quartier de l’Espounille, chez Pey de Bon. Il avait nom Martyr, curé de Juzet de Luchon. Il fit rebâtir l’église de cette paroisse avec les secours que lui donna l’Impératrice. Il prit sa retraite au Ger où il mourut le 20 septembre 1883 à 79 ans. Il désira être enterré sur le passage menant à l’église sans aucun signe distinctif, voulant après sa mort être foulé au pied par les passants.

Le 18 février 1913, par un temps neigeux, eurent lieux à Ger de Boutx les obsèques de Célestin Megardon, décédé à l’hôpital militaire de Toulouse à l’âge de 21 ans. Né d’une famille honorable et chrétienne, il fut toujours un fils droit, aimant et respectueux. On part le donner comme modèle aux jeunes gens. Chrétien éclairé et convaincu, il savait élever les conversations auxquelles il prenait part. Il ne craignait pas à l’occasion de montrer sa foi (…) à la sonnerie du Sanctus, il savait interrompre son travail, se découvrir et s’unir au sacrifice de la messe. »