À propos de la forme Commarchis, nom du domaine de Bovon suite à son mariage avec la fille du roi Eudes de Gascogne, fils d’Aymeri de Narbonne, Jean-Claude Dinguirard propose de reconnaître dans « Commarchis », la « forme francisée de l’adaptation languedocienne d’un nom de lieu gascon (…) la lecture par un poète d’oïl de cette même forme languedocienne du nom Gascon».
« (…) personne ne pourrait nier l’intérêt stratégique du Commarchis-Comminges. J’entends du point de vue narbonocentrique qui, comme l’a bien montré Joël H. Grisward (15), constitue une norme originelle dans le cycle de Guillaume d’Orange : point de vue qui impose de considérer la Gascogne comme un pays étranger (16), contre l’agressivité duquel il convient de se prémunir. Comment le vieil Aymeri de Narbonne y parviendrait-il plus efficacement qu’en régnant sur elle, grâce à l’un de ses fils ? Ou plus exactement – car Bovon n’est que le gendre du roi Yon de Gascogne, et n’accèdera pas immédiatement au trône – en rendant ce fils maître d’un glacis propre à s’interposer entre la plus sauvage Gascogne et la province de Narbonne ? Or – et c’est là que l’évidence géographique rejoint la vraisemblance linguistique – un tel glacis ne peut être constitué que par le Comminges : mais un Comminges, il faut le souligner, qui n’aurait pas encore été amputé de son annexe couseranaise, puisque c’est elle, proprement, qui fait la frontière avec les terres languedociennes.
Ceci nous ramène avant l’an mille, et cette haute date rend inacceptable l’exigence, que certains pourraient avoir, d’une attestation d’occitan *Commarques et non de français Commargis. En effet l’occitan d’avant l’an mille n’est guère documenté, et il est à peu près vain d’espérer rencontrer une forme aussi dialectale que *Comergues ’Comminges’ ! »« Les remanieurs français, au talent de qui l’on doit le succès européen de la geste de Guillaume, ont traduit une épopée occitane qui, dès le Xlle siècle, était déjà complètement oubliée dans son pays d’origine. »
Cornebut proviendrait de la collusion de deux vers : fiz Boeve (de) Commarchis / Nebut al marchis.
Pour citer cet article proposé ici avec l’aimable autorisation de la Société française d’onomastique :
« Les suffixes en onomastique, Actes du Colloque de Montpellier (26-28 mai 1983, Université Paul Valéry, Montpellier III – Société française d’onomastique, sous la présidence de M. Jacques CHAURAND), publiés par Paul FABRE, Édition du Centre d’études occitanes, Montpellier 1985. »
Une version ressaisie par un profane est proposée ci-après, en complément de l’original qui seul fait foi. et qu’on trouve désormais sur l’indispensable Persée.
Nota : l’ouvrage de J.H. GRISWARD cité à la bibliographie de l’article, fait l’objet d’un compte rendu par Jean-Claude Dinguirard disponible ici (voir page 8).