Alcée Durrieux est un linguiste gascon méconnu de la fin du XIX°. Il est ici question de son « Dictionnaire étymologique de la langue gasconne avec la racine celte ou grecque de chaque mot gascon suivi du mot latin et français, Auch, G. Foix, 1899-1901, 371 p.« , à contre-courant des idées linguistiques communément admises.
Si en première lecture, Alcée Durrieux présente les stigmates du crank selon Martin Gardner ou du fou littéraire selon Queneau, l’auteur (Jean-Claude Dinguirard) lui découvre aussi des intuitions, séduisantes, parfois troublantes voire en avance sur leur temps. Citons :
- une poétique théorie des strats (I, pp. 20s), comme la claire conscience de l’écologie du langage (I, p. 14) ;
- l’idée qu’une langue se caractérise mieux par la grammaire que par le lexique (I, pp. 64 et 152);
- l’enrichissement de ses analyses linguistiques par l’étude ethnographique (I, p. 72 s.);
- les prémisses de la glottochronologie (I, pp. 164, 171).
Si l’auteur qualifie de trompeur le titre de l’ouvrage d’Alcée Durrieux, c’est peut-être du fait que l’intérêt et les apports du livre résident davantage dans cette richesse, ce foisonnement prometteur, bien loin du périmètre d’étude limité que l’on peut s’attendre à trouver en tournant les pages d’un « dictionnaire étymologique », ici qui plus est pour une étymologie non-validée.
L’auteur de conclure par une réflexion dialectologique, en droite ligne de l’école de dialectologie toulousaine et de l’héritage intellectuel de Jean Séguy.